Le Collectif Maths & Sciences alerte sur « l’éviction des lycéennes des parcours scientifiques », un problème pour l’égalité des sexes et pour la réussite des plans d’innovations technologiques.
Si l’enseignement des mathématiques est redevenu obligatoire en classe de première de filière générale depuis la rentrée 2023, tous les problèmes ne sont pas résolus pour l’enseignement des mathématiques en France.
La réforme de 2019 initiée par Jean-Michel Blanquer avait considérablement réduit l’enseignement des mathématiques et le rendait même optionnel en première et en terminale. Ce qui faisait craindre aux industriels un appauvrissement du vivier de scientifiques formés en France. Etait aussi à craindre un renforcement des inégalités sociales, les mathématiques, qui ouvrent la voie vers les filières les plus prestigieuses, étant choisis par les élèves bien informés et soutenus. Et bien sûr, cette réforme annonçait un abandon de cette discipline par les filles qui bouderaient les mathématiques pour se conformer à des normes de genre.
Pour toutes ces raisons, en 2022, le ministre de l’Education nationale d’alors, Pap Ndiaye, annonçait pour la rentrée 2023 le retour d’un enseignement « obligatoire » des mathématiques (une heure trente en première).
Lire : Retour des mathématiques obligatoires au lycée : bon pour les filles
Mais cela reste largement insuffisant dénonce une tribune au Monde du Collectif Maths & Sciences le 10 septembre dernier. Le collectif a épluché les données annuelles de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’éducation. Et note que le nombre de bachelières scientifiques a diminué de 60 %. « 69 % des garçons étudient les maths en terminale et seulement 45 % des filles, induisant dans les parcours scientifiques des inégalités de genre inédites depuis les cinquante dernières années. Au lieu d’augmenter les effectifs des jeunes formés aux sciences, la réforme du lycée de 2019 les ramène à ceux des années 1980, mettant à mal la souveraineté scientifique de la France. » écrit le collectif.
Cette heure trente de mathématiques, obligatoire en classe de première, ne convainc pas. « Cette mesure ne permettra ni d’augmenter le nombre des élèves de formation scientifique ni de retrouver le quasi-équilibre de genre antérieur. Nous sommes donc dans une impasse dont les conséquences sont durables et dramatiques. »
Maths & Sciences souligne que le faible nombre d’élèves formés en mathématiques fait courir un « risque d’échec de la réindustrialisation promise par le plan de relance France 2030 » et il a des effets durables aussi parce que les futurs enseignants du primaire vont avoir du mal à enseigner les mathématiques à leur tour et à préparer leurs élèves aux cursus scientifiques.
Les chiffres du recul et de la place des filles dans les filières scientifiques sont effrayants . « Les nouvelles classes préparatoires MP2I (mathématiques, physique, ingénierie et informatique) et MPI (mathématiques, physique, informatique) accueillent une part de femmes d’environ 13 % alors qu’elles sont au moins 23 % dans les autres filières scientifiques. » Et, alors que les filles douées en math avaient tendance à opter pour des écoles de commerce plutôt que des écoles d’ingénieurs, « la baisse de 8 % des effectifs en classes préparatoires économiques concerne surtout les filles »
Le collectif demande une nouvelle fois d’ « assurer une augmentation significative des heures d’enseignement de mathématiques et de sciences jusqu’en terminale pour tous les élèves »