
Selon une étude de l’OIT, la plupart des dirigeants d’entreprises dans le monde voient une corrélation entre mixité et performance. Mais ne font pas assez d’efforts pour obtenir cette mixité.
« Les entreprises disposant de politiques de mixité ont 31 % de chances supplémentaires de déclarer des résultats commerciaux en hausse que celles qui n’en ont pas. » Ce chiffre provient d’un rapport de l’Organisation mondiale du travail (OIT) issu d’une enquête en ligne diffusée en 15 langues auprès de 13.000 entreprises de 70 pays.
57,4 % des dirigeants interrogés considèrent que « les initiatives prises en vue de promouvoir l’égalité des sexes avaient contribué à améliorer les résultats des entreprises ». Ce n’est pas un plébiscite. 22,6 % n’en sont pas sûres et pour 20 %, ces initiatives n’ont pas amélioré les résultats de leur entreprise.
Pourtant, les 57,4 % d’enthousiastes ne tarissent pas d’éloges sur la mixité : 60,2 % voient une rentabilité et une productivité accrues, 56,8 % une plus grande capacité à attirer et conserver les talents, 54,4 % observent une créativité, une innovation et une ouverture d’esprit renforcées, 54,1 % estiment que la réputation de leur entreprise s’est améliorée et 36,5 % sentent qu’ils sont mieux à même de jauger l’intérêt et la demande des consommateurs. Et en espèces sonnantes et trébuchantes cela donne, pour près de 30 % des entreprises, une augmentation de 10 à 15 % des profits grâces aux politiques de diversité. Et même, pour 18 % des entreprises convaincues, la hausse serait de 15 à 20 %.
Qu’y a-t-il derrière ces politiques de diversité ? Les cinq premiers domaines dans lesquels ont été prises des mesures de promotion de l’égalité sont le recrutement, la fidélisation et la promotion (67,7 %), la formation professionnelle et/ou la formation des cadres (59,3 %), le congé de maternité (53 %), la rémunération (52,5 %) et la flexibilité des horaires de travail (47,2 %). Viennent ensuite : le mentorat, la prévention du harcèlement sexuel, le congé de paternité, le travail à temps partiel, les objectifs pour les postes de direction, le télétravail, les interruptions de carrière, les programmes de réinsertion, la question de la garde des enfants et des soins aux personnes âgées.
Ce n’est pas la première fois qu’une étude montre que les entreprises « inclusives » sont plus performantes que celles qui sont dirigées par des clones d’hommes diplômés des mêmes écoles. Les mesures à mettre en place pour une réelle politique d’égalité sont connues et pourtant, les entreprises sont encore très loin de la mixité à tous les niveaux.
Près de 60 % d’entre elles ne comptent même pas 30% de femmes parmi les cadres, les hauts dirigeants et aux conseils d’administration. On ne parle pas ici des très hauts sommets de l’entreprise, juste des cadres ! Concernant les femmes cadres dirigeant.e.s, 85 % des entreprises indiquent en avoir moins de 30 %. Et l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes à l’échelle mondiale, est de 22% si l’on prend en compte les salaires mensuels médians.
Alors il est vraiment temps de mettre en place des politiques énergiques. Dans sa conclusion, le rapport de l’OIT souligne que ce n’est pas une mission de tout repos : « Pour parvenir à une réelle mixité à tous les niveaux de l’entreprise, il faut tout un écosystème de politiques publiques et d’infrastructures sociales comme d’efforts propres à l’entreprise qui incluent des engagements forts en faveur de la mixité de la haute direction et des investissements pour faire évoluer les femmes comme cadres et dirigeantes. Les politiques de mixité peuvent définir les paramètres et la direction à suivre; toutefois, la culture d’entreprise au sens large doit étayer ces politiques pour les rendre efficaces »
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