Dans son dernier rapport sur « l’égalité de genre dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », ONU Femmes alerte sur la faiblesse des progrès en matière d’égalité des sexes.
« Les progrès pour les femmes et les filles se font à pas beaucoup trop lents. Même quand des progrès sont là, ils sont très inégaux ». Phumzile Mlambo-Ngcuka, la Directrice exécutive d’ONU Femmes, a lancé un avertissement en dévoilant mercredi 14 février le dernier « rapport phare » de l’institution intitulé : « Traduire les promesses en actions : l’égalité de genre dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».
Ce Programme, qui fixe 17 Objectifs de développement durable (ODD), décliné en 169 cibles, adopté par les États membres des Nations Unies voilà deux ans et demi, insiste sur le fait que le développement durable est indissociable de l’égalité des sexes. Mais « la communauté internationale ne pourra pas tenir sa parole sans une accélération significative des progrès en matière d’égalité des sexes », insiste Phumzile Mlambo-Ngcuka.
Il ne peut y avoir de développement durable sans égalité des sexes ! Il dépend de nous tous que cela devienne réalité. Informez-vous sur notre rapport #PromessesEnActions. #ObjectifsMondiaux pic.twitter.com/Fb3njqvF4T
— ONU Femmes (@ONUFemmes) February 14, 2018
« L’examen de chaque objectif montre que les inégalités entre les sexes – qui sont profondément ancrées et répandues dans tous les pays – sont omniprésentes dans chacun des aspects du développement durable, sans exception », souligne le rapport qui égrène, parmi d’autres, ces constats :
Au niveau mondial, les femmes et les filles sont surreprésentées parmi les populations les plus pauvres : 330 millions d’entre elles vivent avec moins de 1,90 dollar US par jour, soit 4,4 millions de plus que les hommes ;
Elles continuent de faire 2,6 fois plus de travail domestique et de soins non rémunérés que les hommes ;
Les femmes ne détiennent que 13 % des terres agricoles ;
15 millions de filles en âge de fréquenter l’école primaire n’auront jamais l’occasion d’apprendre à lire et à écrire dans une institution primaire, par rapport à 10 millions de garçons ;
Une femme ou une fille sur cinq a subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime au cours des 12 derniers mois. Pourtant, 49 pays n’ont pas de lois protégeant les femmes contre les violences domestiques.
Le rapport souligne aussi à quel point les inégalités que subissent les femmes sont étroitement liées et se renforcent mutuellement. Ainsi, une fille née dans une famille pauvre et contrainte à se marier très jeune a plus de risques d’abandonner l’école, de devenir mère à un âge précoce, de souffrir de complications pendant l’accouchement et de subir des violences (soit de subir tous les problèmes visés par les ODD) que la fille d’une famille plus riche qui se marie à un âge plus avancé.
Pour ONU Femmes, il faudra « une révolution pour que chaque femme et chaque fille comptent ; pas seulement dans le domaine des données sur l’égalité hommes-femmes, mais aussi sur le plan des politiques, des programmes et de la responsabilisation. »