En France, les hommes disposent d’un patrimoine de 15% plus élevé que les femmes. Mais s’ils avaient les mêmes revenus et situation sur le marché du travail, « leur patrimoine serait plus faible que celui des femmes », observent des chercheurs de l’Ined.
Les inégalités de patrimoine entre hommes et femmes, c’est le sujet du dernier document de travail publié par l’Ined, Institut national d’études démographiques. Un sujet bien moins exploré que les écarts de salaire ou de retraite mais qui met aussi en lumière « d’importantes différences ».
Les trois auteurs de l’étude – Carole Bonnet, Alice Keogh et Benoît Rapoport – mettent en évidence « un patrimoine brut moyen de l’ensemble des hommes supérieur d’environ 15 % à celui des femmes. »
Cet écart tient très peu au patrimoine immobilier (surtout parce que la résidence principale est très souvent détenue à part égale au sein des couples) et très largement aux actifs financiers – actions et obligations notamment : les hommes en détiennent environ 37% de plus que les femmes.
« Les femmes retirent davantage que les hommes de leurs caractéristiques »
L’étude identifie la raison de cette disparité. Sans grande surprise, elle tient aux écarts de revenus entre sexes, « liés aux moins bonnes trajectoires professionnelles des femmes comparées à celles des hommes (davantage d’interruption, moindres rémunérations). Ces écarts conduisent naturellement à une plus grande capacité à épargner pour les hommes ».
Mais les chercheurs tirent une autre conclusion plus surprenante : à caractéristiques égales, les femmes disposent d’un patrimoine d’actifs financiers plus important que les hommes. « Si l’on donnait aux hommes le revenu et la situation sur le marché du travail des femmes, leur patrimoine serait plus faible que celui des femmes ». Cela « suggère que les femmes retirent davantage que les hommes de leurs caractéristiques », écrivent les chercheurs.
Voilà une observation qui reste à expliquer. Les chercheurs, en conclusion, avancent deux pistes sur lesquelles ils pousseront leurs recherches. D’une part, « étudier de manière plus détaillée les choix de portefeuille afin de savoir si c’est le mode d’épargne des femmes en lui-même qui pourrait être plus efficace. » D’autre part, « examiner plus précisément le rôle du statut marital » pour répondre à cette nouvelle question : « Un patrimoine plus important à caractéristiques données pour les femmes résulte-t-il d’une mise en couple avec des hommes ayant de « meilleures » caractéristiques et donc un patrimoine plus élevé ? »
Le travail des trois chercheurs s’appuie sur les deux enquêtes de l’INSEE « Patrimoine » de 2003-2004 et 2009-2010, « qui permettent d’allouer la richesse à chaque membre du ménage, en particulier au sein des couples. »
En 2009, le patrimoine moyen était de 120 141 euros pour les hommes et de 107 595 euros pour les femmes. Les différences entre hommes et femmes sont plus marquées en pourcentage pour les patrimoines les moins élevés, mais les sommes en jeu sont faibles.