Elles ont bataillé pour se faire une place dans le journalisme sportif. Les voici réduites à des objets sexuels.
Après les Wags, les journalistes sportives. Pendant la Coupe du monde, les héros du ballon rond et ceux qui en parlent occupent toute la place dans les médias. Et les femmes ? En 2014 comme lors des éditions précédentes les journaux dressaient surtout des palmarès de femmes ou compagnes de joueurs appelées WAGs (Wife and/or Girlfriend).
Voir Femmes de joueurs, les WAGs sont fatiguées
Ça continue cette année mais elles ne sont plus les seules à être traitées façon foire aux bestiaux. Les journalistes sportives subissent le même sort. Et c’est un détournement d’ambition caractérisé. Ces femmes ont dû batailler pour se faire une place dans le milieu du journalisme sportif. Et à peine ont-elles mis un pied dans ce monde si masculin qu’elles sont renvoyées à « leur place » d’objet sexuel.
Dans un billet bien senti ce vendredi matin sur France Inter, Sonia Devillers a fait un inventaire, probablement non exhaustif, des journaux qui dressent des palmarès de « journalistes sportives les plus séduisantes » en commençant par Télé-Loisirs avec son « Best-of des présentatrices et consultantes internationales » qui en dit très peu sur les compétences sportives des journalistes mais montre des photos de femmes «pétillantes», «jolies», «épouses de» ou «en maillot de bain»… L’énumération va jusqu’au journal Le Point. Et à ce moment-là, la chroniqueuse de France Inter s’étrangle « je dis bien Le Point, pas un journal poubelle. » Le phénomène avait commencé en 2014 et s’est amplifié cette fois-ci.
Pas étonnant que dans une telle ambiance de machisme décomplexé, des femmes journalistes soient agressées sexuellement. Dès les premiers jours de la Coupe du monde, en Russie, un supporter a embrassé de force une journaliste colombienne couvrant la Coupe du monde pour une chaîne allemande alors qu’elle parlait au micro, en direct. Et il a mis la main sur son sein…
Ce n’est pas une première. En mars dernier au Brésil : des journalistes de sport brésiliennes dénonçaient le harcèlement verbal et physique qu’elles subissent dans les stades sous le mot-dièse #DeixaElaTrabalhar “Laisse-la travailler”
Voir : #DeixaElaTrabalhar : des journalistes de sport brésiliennes s’attaquent au machisme
Et partout dans le monde il faut batailler pour faire comprendre que ces agressions sont inacceptables et rappeler qu’elles sont punies par la loi. En 2017 à Roland Garros, un jeune joueur agressait une journaliste en direct tandis que les commentateurs riaient grassement sur le plateau.
Voir : Hamou viré de Roland Garros pour “comportement répréhensible”
Pour quelques situations un peu médiatisées comme celles-là, combien d’agressions subissent les journalistes ? Des sanctions de plus en plus lourdes commencent à tomber. Il est temps qu’elles aient une vertu pédagogique.
Voir Sanction exemplaire confirmée contre le sexisme à la télévision