
Laurence Rossignol, nouvelle ministre des Droits des femmes. Photo © Philippe Grangeaud – Parti Socialiste sur Flickr
Le remaniement gouvernemental change la donne. Laurence Rossignol devient ministre des Droits des femmes. Un ministère à part entière, et non plus un secrétariat d’Etat. Mais associé à la Famille et l’Enfance. De nombreuses voix s’inquiètent d’un message stéréotypé.
Le remaniement ministériel annoncé jeudi 11 février chamboule les attibutions relatives aux Droits des femmes. Lors du dernier grand remaniement en août 2014, la rétrogadation du ministère des Droits des femmes à un simple secrétariat d’Etat avait déçu. Aujourd’hui, ils sont à nouveau associés à un ministère à part entière. Avec un petit jeu de chaises musicales. Pascale Boistard cède sa place à Laurence Rossignol, dont elle reprend le secrétariat d’Etat chargé des personnes âgées et de l’autonomie. Et Laurence Rossignol, féministe revendiquée, devient ministre des Droits des femmes. Un ministère auquel sont également associés la Famille et l’Enfance (les Droits des Femmes étant même en troisième position dans l’intitulé).
Le retour d’un ministère à part entière, donc, mais quelque peu stéréotypé. » Associer les droits des femmes à la famille et à l’enfance suscite de sérieuses préoccupations », s’inquiètent, dans un communiqué commun, Danielle Bousquet, Présidente du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Chantal Jouanno, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du Sénat et Pascale Vion, Présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité du CESE. « Mettre sous un même Ministère ‘la famille, l’enfance et les droits des femmes’, n’est-ce pas enfermer les femmes dans le rôle stéréotypé qui leur est assigné depuis des siècles : celui d’épouse et de mère ? », s’interrogent ces responsables.
Entre ironie et perpelxité, cet intitulé stéréotypé n’a pas manquer de susciter nombre de commentaires. Morceaux choisis :
https://twitter.com/fsoulabaille/status/697813633515044864
https://twitter.com/Nordengail/status/697814114152882176
https://twitter.com/coldroitsfemmes/status/697807304238964736
Laurence Rossignol a déjà tenté de désamorcer la polémique :
https://twitter.com/laurossignol/status/697822415209046022
Par ailleurs un nouveau secrétariat d’Etat apparaît. Celui de « l’égalité réelle », directement rattaché à Matignon. Il est confié à Ericka Bareigts, députée élue à la Réunion, Secrétaire nationale du Parti socialiste chargée des Outre-Mers.
A quoi se rapportera cette « égalité réelle » ? L’expression rappelle la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, mais le champ d’action de la secrétaire d’Etat devrait être plus large. Plutôt discrète dans le paysage politique, Ericka Bareigts s’était fait remarquer à l’automne 2015 par une intervention dans l’hémicycle, suite à la sortie de Nadine Morano sur la France « pays de race blanche ». Se décrivant comme « députée noire de la République », Ericka Bareigts avait lancé : « Cette France décrite par Madame Morano n’est pas la mienne », récoltant une standing ovation.
A noter que la stricte parité du gouvernement, mise à mal après la démission de Christiane Taubira, est de retour au gouvernement. Etoffé, il compte désormais 19 hommes et 19 femmes, dont 9 hommes et 9 femmes ministres, sans compter le Premier ministre. Mais les cinq ministères régaliens – Affaires étrangères, Défense, Finances, Intérieur, Justice – sont tous occupés par des hommes.
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