Après les années Covid, les augmentations de salaires des cadres sont reparties à la hausse. Mais les femmes gagnent toujours globalement 15% de moins que les hommes et 7,1% de moins « toutes choses égales par ailleurs ».
Après trois années de stagnation, les salaires des cadres ont connu un « niveau record » d’augmentations en 2022. Mais cela est resté « sans effet sur la réduction des inégalités salariales », indique le baromètre annuel de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) publié ce lundi. La rémunération annuelle brute médiane des cadres a progressé de 2% en 2022 pour s’établir au 31 décembre à 52.000 euros.
Et cela concerne tous les profils de cadres, montre l’enquête menée en février dernier auprès de 13.000 cadres du secteur privé. 57% des cadres ont vu leur salaire augmenter en 2022, qu’il s’agisse d’une augmentation individuelle ou collective, soit une hausse de 11 points par rapport à l’année précédente. Cette proportion dépasse le niveau d’avant la crise sanitaire (48%) et le record de 2018 (51%).
« De nombreuses entreprises confrontées à des difficultés de recrutement toujours plus prégnantes et à une inflation très élevée ont consenti à des efforts sur le salaire, notamment en renforçant les enveloppes dédiées aux augmentations pour retenir et attirer des cadres », explique l’Apec.
Globalement, 15 % de moins
Mais cette volonté de retenir les cadres n’est pas allée jusqu’à se soucier de parité malgré tous les index de l’égalité, lois sur la parité et autres discours très « grande cause ».
57% de cadres ont vu leur salaire augmenter mais ils et elles sont 59% parmi les hommes et 54% parmi les femmes. Plus découragent : c’est encore pire pour les plus jeunes : 62% contre 70%.
Les écarts de rémunération annuelle brute médiane entre femmes et hommes stagnent à 15% en défaveur des femmes. Cette rémunération est de 48.000 euros pour elles contre 55.000 euros pour les hommes cadres. Avec des nuances selon l’âge. L’écart est de 6% chez les moins de 35 ans et grimpe à 19% chez les 55 ans et plus. En cause, des différences de profil de poste très stéréotypées : les hommes travaillent plutôt dans les secteurs d’activité qui rémunèrent le mieux et occupent plus massivement les postes de direction les plus élevés.
Un écart salarial de 7% à profil et poste équivalents
Et ce n’est pas tout ! L’Apec note aussi que, à « profil et poste équivalents », les hommes cadres ont perçu, en 2022, une rémunération supérieure de 7,1% par rapport aux femmes cadres. Et « cet écart de rémunération ‘toutes choses égales par ailleurs’, qui peut pour partie résulter de comportements discriminatoires de la part des employeurs, est là aussi relativement stable » oscillant entre 7% et 8% depuis qu’il est mesuré par l’Apec (en 2014).
Tous ces écarts résultent « de comportements discriminatoires, conscients ou inconscients, de la part des employeurs » note l’Apec dans son communiqué. Gilles Gateau, le directeur général de l’Apec déplore « un constat affligeant, qui se répète année après année depuis 10 ans ». « En parler, faire des lois, se donner des objectifs et des index c’est bien mais… cela ne suffit manifestement pas, il faut agir plus fort et plus vite ! » écrit-il. Une nouvelle fois, l’absence de volonté politique est dénoncée. (Lire : EGALITÉ PROFESSIONNELLE : LE REVERS DE L’INDEX)
Depuis que l’Apec réalise ce baromètre, il a parfois observé des aggravations de l’écart de salaire entre femmes et hommes, parfois des retours à 15% mais jamais de réduction tendancielle.
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