Une plainte pour agression sexuelle a fait exploser le conseil d’administration du Collectif féministe 50/50 créé voici quatre ans par des professionnel.les de l’audiovisuel français.
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Samedi 23 avril dernier s’est tenue l’assemblée générale du Collectif féministe 50/50. Une AG ordinaire appelée dans des circonstances exceptionnelles. En effet, en mars dernier, six membres du conseil d’administration ont démissionné, dont notamment deux des trois coprésidentes, les productrices Laurence Lascary et Julie Billy, qui est une des co-fondatrices du Collectif en 2018. Leurs démissions ont été suivies quelques jours après par celles de deux autres membres du CA. La troisième co-présidente, Sandrine Brauer, également productrice, est restée en place ainsi que le reste du CA diminué désormais et bien évidemment, l’équipe de quatre personnes qui travaille au Collectif.
A l’origine de cette dissension, une plainte pour agression sexuelle déposée le 11 mars dernier à l’issue d’un dîner rassemblant des membres du collectif ainsi que des invité.es. Deux jours plus tard, le conseil d’administration de 50/50 votait à l’unanimité son soutien moral et financier à la victime, l’administratrice mise en cause s’étant volontairement mise en retrait du collectif. Toutes deux demandent que leur anonymat soit respecté, une procédure judiciaire est en cours au Parquet de Paris.
La situation est particulièrement délicate pour ce Collectif créé pour l’égalité femmes-hommes dans l’audiovisuel et dont la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu est un combat central.
La salle bondée du cinéma Reflet Médicis à Paris a accueilli samedi dernier une centaine d’adhérents sur les 900 que compte l’association, dont des personnalités comme Agnès Jaoui, Catherine Corsini, Céline Sciamma, Aïssa Maiga. La majorité des adhérents découvraient la situation, même si des rumeurs avaient eu le temps de courir pendant les quatre longues semaines qui ont suivi les faits. Les six administratrices démissionnaires ont exprimé leur point de vue en lisant un texte collectif soulignant leur volonté d’exemplarité et de transparence. L’une d’entre elles a souligné que cette crise pouvait devenir une opportunité de transformation. « Cet incident nous rappelle douloureusement que les rapports de domination ne sont pas que le fait d’hommes contre des femmes dans des lieux misogynes. Il ne s’agit pas de lutter contre des monstres. Comme l’a dit la comédienne Adèle Haenel * : « Les monstres ça n’existe pas: c’est notre société. C’est nous, nos amis, nos pères. » Et je rajouterai : parfois nos mères. »
Dans une ambiance mouvementée et bruyante, s’est tout de même dessiné un accord général sur la tenue rapide d’une AG extraordinaire, avec candidatures et élection de nouveaux membres du CA. Un communiqué a été adressé dimanche dernier à tous les adhérent.es.
La première question est aujourd’hui de savoir si cette nouvelle AG élective se tiendra avant ou après le festival de Cannes. Mais l’autre question centrale est celle de la redéfinition des rapports de force et des modes de décision au sein de ce même Collectif aujourd’hui affaibli, qui se doit de survivre à la tempête.
Valérie Ganne (adhérente du collectif 50/50 depuis sa création)
*Adèle Haenel dans un entretien à Mediapart, diffusé en direct le 4 novembre 2019
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