Quelques semaines après les États-Unis, c’est au Royaume-Uni que des dizaines d’actrices lancent un fonds de soutien aux victimes de violences sexuelles. Et s’expriment pour l’égalité lors des BAFTA, la cérémonie annuelle du cinéma.
Time’s Up fait des émules. Dimanche 18 février, près de 200 actrices britanniques ont signé une tribune dans The Guardian pour faire connaître le « Fonds pour la justice et l’égalité ». Administré par l’association Rosa, ce fonds destiné à soutenir juridiquement les victimes de violences sexuelles a déjà reçu en quatre jours plus d’1,5 millions de Livres – il faut dire que l’actrice Emma Watson avait commencé à l’abonder avec un chèque d’un million.
Ces personnalités du cinéma britannique se revendiquent de la lignée du mouvement Time’s Up, qui avait lancé un fonds de soutien similaire aux États-Unis le 1er janvier.
« Il n’y a pas si longtemps, nous vivions dans un monde où le harcèlement sexuel n’était qu’une blague malsaine ; un élément constitutif pesant mais inévitable du fait d’être une fille ou une femme. Il était absolument impossible d’en discuter, encore moins de s’y attaquer. En 2018, nous nous sommes réveillées dans un monde prêt pour le changement » écrivent les actrices.
Dans la soirée du 18 février, la cérémonie des BAFTA, les récompenses britanniques de l’industrie du cinéma, ont également été l’occasion de mettre en avant la mobilisation des femmes contre les violences sexuelles, et plus généralement pour l’égalité.
La plupart des actrices, comme quelques semaines plus tôt aux Golden Globes, étaient en noir. Et certaines d’entre elles se sont rendues à la cérémonie aux côtés de militantes des droits des femmes. L’actrice Gemma Aterton avait par exemple invité Gwen Davis et Aileen Pullen, deux ouvrières de l’usine Ford de Dagenham qui s’étaient battues pour l’égalité salariale à la fin des années 1960.
La maîtresse de cérémonie, l’actrice Johanna Lumley, faisait le lien entre le mouvement Time’s Up et la lutte des suffragettes, qui a permis aux femmes britanniques d’obtenir le droit de vote il y a tout juste 100 ans, mues par la même volonté « d’éradiquer les inégalités et les violences faites aux femmes partout dans le monde ».
Quelle image donnera la cérémonie française des Césars, le 2 mars prochain ? En Allemagne, c’est le festival du film de Berlin, la Berlinale, qui se fait l’écho du mouvement d’ampleur contre les violences sexuelles. Des organisations européennes de l’industrie du cinéma y ont lancé samedi 17 février l’initiative Speak Up ! qui vise à s’attaquer à la culture du harcèlement et des agressions sexuelles dans le milieu.