Cette année, onze femmes et un seul homme ont reçu un des douze Trophées Défis RSE. La quatorzième édition de ce prix met la lumière sur les femmes engagées pour les politiques sociales et environnementales en entreprise. Entretien avec la fondatrice de l’événement, Nora Barsali.

Le palmarès de l’édition 2025 des Trophées Défis RSE fait la part belle aux femmes. Ce prix récompense depuis 14 ans des dirigeant.es d’associations et d’entreprises engagé.es pour l’égalité, l’inclusion, un entrepreneuriat responsable ou encore le bien-être et la santé des salariés. Le but ? Prôner un leadership responsable pour gouverner les entreprises autrement, en alliant RSE, performance et justice sociale. Un modèle incarné, cette année, par les femmes.
Sur l’ensemble des candidatures envoyées aux Trophées Défis RSE, 47% étaient portées par des femmes. Et sur les douze lauréats, onze sont des femmes, soit 91%. Parmi les initiatives récompensées, celle d’Alexandra Miailhe, à la tête de l’entreprise Saprena, a reçu le trophée Santé pour avoir employé 67% de salariés en situation de handicap invisible. Pour le dossier innovation économique et écologique, c’est Catherine El Arouni qui a été félicitée pour avoir combiné responsabilité sociale et protection de l’environnement au sein de sa coopérative Enercoop. Dans la catégorie association, Marie Eloy et Céline André ont été récompensées pour Femmes des Territoires. Ces dernières ont rappelé que « les femmes entrepreneures ont plus que jamais besoin d’être soutenues ». Il y a aussi le trophée de la dirigeante, remis cette année à deux femmes : Hélène Grellier de Logisseo, pour son engagement sur l’impact environnemental de la logistique, et Dafna Mouchenik de LogiVitae, pour avoir fait évoluer le métier du service à domicile.
Trois questions à Nora Balsari, fondatrice de News RSE et des Trophées Défis RSE, sur ce palmarès presque exclusivement féminin.

Le palmarès de cette 14e édition fait la part belle aux femmes. Comment expliquer que les femmes soient si nombreuses à s’impliquer dans le développement social et environnemental des organisations qu’elles dirigent ?
Nora Barsali – Les femmes sont tournées vers la RSE pour plusieurs raisons. D’abord, dans le cadre de leur activité économique et professionnelle, elles recherchent l’utilité sociale et l’impact sociétal. On constate que l’argent, les marges ou la finance ne sont pas leurs centres d’intérêt premiers. Par ailleurs, cette fois à titre personnel, elles sont préoccupées par la résonance entre leur activité et leurs valeurs. Très souvent, je suis face à des femmes qui ont eu une carrière en tant que salariées mais qui ont décidé de démissionner pour créer leur entreprise parce qu’elles considèrent qu’elles n’ont pas bénéficié de marge de manœuvre de la part de l’organisation dans laquelle elles exerçaient ou qu’elles ont manqué de reconnaissance de leur employeur. Certaines témoignent aussi avoir subi du harcèlement. Les motivations qui les ont menées vers la création de leur entreprise sont multiples. J’ai également pu observer que, lorsqu’elles se lancent dans cette aventure, ces femmes cheffes d’entreprise ont à cœur d’instaurer une proximité vis-a-vis de leurs collaborateurs. C’est en totale résonance avec les enjeux de la RSE.
Que les femmes incarnent ce modèle de gouvernance, qu’est-ce que cela dit de notre économie ?
NB – La France aurait tout intérêt à investir dans l’entrepreneuriat féminin. Aujourd’hui, encore, les femmes accèdent à seulement 2% du capital des fonds d’investissement. C’est un chiffre ridicule qui montre bien qu’il y a une méfiance persistante vis-à-vis de femmes entrepreneures. Or, les femmes représentent la moitié de la population active ainsi que 57 % des diplômé.e.s de l’enseignement supérieur, c’est bien qu’elles ont des compétences. Il y a un décalage entre l’appétence des femmes à créer leur entreprise et un désintérêt de la part du millefeuille d’organisations qui travaillent dans le soutien de l’entrepreneuriat, que ce soit dans l’aide à la création d’entreprise, son financement ou encore son développement. En 2025, quand on cherche des compétences féminines, on les trouve. Je n’ai aucun problème à identifier des femmes entrepreneurs qui réussissent. Mais encore trop d’organisations prétendent avoir du mal à trouver des profils féminins à mettre en lumière lors de tables rondes par exemple. Pour moi, c’est le contraire. Mon challenge est de trouver des compétences masculines et des entreprises dirigées par des hommes engagés pour la RSE pour nos futurs palmarès.
Depuis la création des Trophées Défis RSE, il y a 14 ans, quelles évolutions avez vous observées quant à la place des femmes ?
NB – Au début des Trophées, je n’avais que des grands groupes qui postulaient. Puis, au fil des années, j’ai eu davantage de PME, de TPE et de start-up. Mais les femmes restaient largement minoritaires dans le palmarès. Quand j’en avais, elles apparaissaient dans certaines catégories très précises. C’était essentiellement des DRH qui postulaient sur des catégories capital humain, RH, inclusion, dans l’ESS (économie sociale et solidaire) ou pour leur fondation, mais très peu sur les catégories environnement ou dans les start-up. La vraie évolution c’est qu’aujourd’hui les femmes sont représentées dans toutes les catégories. Cette année, pour la première fois, elles ont dominé les candidatures et les lauréat.e.s. Notre palmarès reflète ce que révélait déjà le baromètre de l’entrepreneuriat des femmes en France, publié en mars 2024 par Bpifrance Création et la DGE (Direction générale des Entreprises) : l’entrepreneuriat féminin évolue, avec deux points de progression de femmes qui participent à la chaîne entrepreneuriale. C’est ce qui explique que les lauréates soient majoritaires cette année alors même que nous sommes des Trophées nationaux, mixtes, trans-secteurs et toutes catégories d’organisations économiques. Depuis deux ans, les femmes s’imposent dans la RSE. Une étape a été franchie : désormais, les femmes vont chercher leur reconnaissance professionnelle en dehors de leur entreprise.
L’ouverture des candidatures pour la prochaine édition des Trophées Défis RSE est prévue pour le 2 février 2026.
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