De nombreuses manifestations sont prévues à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes le 25 novembre prochain. Si la mobilisation grandit d’année en année, les moyens de lutter contre ce fléau manquent toujours.

244.000… c’est le nombre de victimes de violences conjugales enregistrées par le ministère de l’intérieur pour l’année 2022. En 2021, ce nombre s’élevait à 207.743. Soit une hausse de plus de 15%. Une constante augmentation d’année en année. Est-ce dû à une hausse des violences ou bien à la libération de la parole ? Le Collectif Féministe Contre le Viol penche pour la seconde option. « La libération de la parole compte beaucoup. Mais je pense que ce chiffre reflète plutôt la prise en compte plus importante de la parole des femmes, analyse Emmanuelle Piet, présidente du collectif, avant d’ajouter : Cependant, on est encore loin de la réalité. Ce chiffre se base sur les plaintes qui ont été prises. Il y a toutes celles qui ne l’ont pas encore été… ».
Le 25 novembre : une mobilisation grandissante
Le sujet de la violence misogyne a gagné en visibilité et est aujourd’hui davantage audible. La journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, qui a lieu chaque année le 25 novembre, a elle aussi désormais plus de poids. Elle mobilise davantage : en 2022, le rassemblement avait eu lieu le 19 novembre et 80 000 personnes s’étaient rassemblées à Paris selon les organisatrices (et 18 500 selon la police). Partout en France, la mobilisation avait été importante, comme jamais. Cette année à nouveau, plusieurs collectifs et associations féministes s’unissent pour manifester. La CFDT appelle, elle aussi, ses adhérents et adhérentes à y participer. L’évolution du traitement médiatique des violences faites aux femmes a joué un rôle dans cette prise de conscience. Aujourd’hui, le terme « féminicide » se diffuse et s’emploie davantage. On n’entend moins parler de « crime passionnel ». Il n’est presque plus question de dire que « les enfants sont des menteurs » lorsqu’ils dénoncent les violences sexuelles qu’ils ont subi…
Le manque de moyens entrave la lutte aux violences sexistes et sexuelles
La journée du 25 novembre est désormais un rendez-vous important pour les associations qui peinent souvent à faire entendre leurs revendications. Pour accompagner cette mobilisation, plusieurs campagnes ont été lancées. Comme la campagne de dons de La Fondation des Femmes : #MaintenantOnAgit. L’objectif ? Soutenir les associations qui procurent un accompagnement psycho-social, des aides au déménagement sécurisé et ré-emménagement et qui apportent un soutien aux enfants co-victimes. De son côté, l’organisation ONU femmes a mis en place une récolte de dons avec TOUS UNIS, une campagne pluriannuelle lancée en 2008. Cette initiative vise à prévenir et à éliminer la violence faite aux femmes et aux filles à l’échelle internationale. Cette campagne s’ouvre du 25 novembre jusqu’au 10 décembre (journée des Droits « de l’Homme »). Ce sont donc seize jours d’activisme qui revendiquent la violence à l’égard des femmes comme violation des droits humains la plus répandue dans le monde. Pour rappel : près de 736 millions de femmes ont été victimes de violence physique et/ou sexuelle de la part de leur partenaire intime, de violence sexuelle d’un autre partenaire, ou des deux, au moins une fois dans leur vie.
Cette journée de mobilisation est aussi l’occasion de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les collectifs et associations qui luttent au quotidien contre ces violences. « Nos moyens proviennent uniquement des pouvoirs publics. Pour l’année 2023, nous n’avons toujours pas reçu l’intégralité de ce qui nous avait été promis. Nous sommes en novembre et nous ne connaissons toujours pas la somme dont nous pourrons disposer pour 2024. Cette incertitude entrave la gestion de notre personnel et nous empêche de nous projeter sur des actions » déplore Emmanuelle Piet. La Fondation des Femmes a d’ailleurs fait paraître un rapport afin de dénoncer l’insuffisance du budget alloué par l’État pour lutter contre les violences faites aux femmes. (à lire : Pour lutter contre les violences faites aux femmes, l’argent manque cruellement). Actuellement, il est de 184,4 millions d’euros. Selon ce rapport, il faudrait que l’Etat le multiplie par 15 à 30. « Nous exigeons l’obtention immédiate de 3 milliard d’euros pour combattre enfin efficacement ces violences » réclame, une énième fois, à l’unisson des dizaines de collectifs et d’associations dans un appel cosigné à l’occasion de la journée du 25 novembre.
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