Les femmes en France gagnent 24% de moins que les hommes. Deux tiers de cet écart s’expliquent par le temps partiel et le fait que les hommes travaillent dans des secteurs plus rémunérateurs, sans que cela change depuis 15 ans.
« En 2011, les femmes perçoivent un revenu salarial inférieur de 24 % à celui des hommes. » C’est le chiffre que l’INSEE met en avant sur la question des écarts de salaires femmes/hommes dans son « portrait social » de la France, dont l’édition 2013 a été publiée jeudi 14 novembre.
C’est l’occasion de décortiquer – comme on le faisait déjà le 8 mars dans Les Nouvelles NEWS – la jungle des chiffres de ces inégalités salariales.
Privé/public. Le chiffre le plus souvent évoqué est le suivant : les femmes ont un salaire inférieur de 28% à celui des hommes. Mais il s’agit là, en fait, des écarts de salaires entre femmes et hommes dans le secteur privé. Celui de 24% comprend l’ensemble des salarié-e-s, du privé et du public.
Temps de travail. Reste à l’analyser : 24%, c’est l’écart global, sur une année, de revenu salarial entre hommes et femmes en France. Mais les deux tiers de cette différence s’expliquent par des situations objectives : d’abord par « un temps de travail moindre » pour les femmes, davantage concernées par le temps partiel, et des écarts de salaire horaire.
D’après les calculs de l’INSEE, les différences de temps travaillé expliquent pour moitié l’écart global entre hommes et femmes.
Secteur d’activité. L’autre moitié de la différence est donc dûe au fait que, pour une heure de travail, une femme gagne moins qu’un homme.
Mais là encore, la situation s’explique en partie par le contexte de l’emploi ; les différences de secteurs d’activité et de catégories socioprofessionnelles : les hommes sont davantage présents dans des secteurs plus rémunérateurs, ils sont aussi davantage cadres.
Discrimination pure. Au final, tout de même un tiers de cet écart salarial de 24% (de l’ordre de 8 points, donc) reste non expliqué et peut, en tout ou partie, « être imputé à des discriminations professionnelles », note l’INSEE.
Nivèlement par le bas. L’institut statistique relève par ailleurs que depuis 2009, avec la crise, l’écart de revenu salarial entre hommes et femmes « a diminué fortement ». Surtout parce que le temps de travail masculin s’est réduit, tout comme les primes, qui concernent davantage les hommes.
Ségrégation. En revanche, « la forte ségrégation par secteur d’activité perdure ». Les secteurs les plus rémunérateurs ne s’ouvrent pas aux femmes, et l’INSEE ne constate quasiment aucune évolution dans ce domaine au cours des 15 dernières années : « Les femmes sont toujours surreprésentées dans les fonctions publiques territoriale ou hospitalière ou dans les activités de services, dont les revenus salariaux, toutes choses égales par ailleurs, sont inférieurs à ceux des secteurs à prédominance masculine (industrie, construction). »
En mars dernier, l ‘INSEE relevait que les femmes occupent encore plus de 70 % des postes d’employés, catégorie dont le revenu salarial est le plus faible. Depuis 1995, cette part n’a diminué que de 2 points.