Grâce à la loi du 13 juillet 1965, les femmes ont le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari. Malgré des avancées, les inégalités de revenus et les violences économiques persistent. Selon un sondage, 23% des femmes en couple sont actuellement victimes de violences économiques et beaucoup n’ont pas les moyens de quitter le foyer.

Le 13 juillet marquait les soixante ans d’une loi, votée en 1965, permettant aux femmes d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation du mari. Un compte qui reste, aujourd’hui encore bien moins garni que celui des hommes. Et n’empêche pas des violences économiques.
Les femmes s’émancipent
Avant 1965, les femmes mariées étaient sous la tutelle de leur mari, soumises à leur bon vouloir. Une situation instaurée par le Code civil de Napoléon en 1804, qui place les femmes en mineures, au même titre que les enfants, et les cantonne à la sphère domestique. Une fois mariée, une femme n’avait pas son mot à dire sur la gestion de ses biens et de ceux du couple. Son mari avait même le droit de lui interdire de travailler.
Pourtant, avant même la loi du 13 juillet 1965, les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler et à gagner un salaire. Mais, lorsqu’elles sont mariées, leurs revenus sont très souvent versés à leur mari. Seules les femmes divorcées ou veuves peuvent ouvrir leur propre compte bancaire.
À force de revendications et de mobilisation, les féministes obtiennent le vote de la loi du 13 juillet 1965. Victoire : les femmes ont le droit d’ouvrir un compte bancaire, de travailler et de signer des chèques sans avoir l’autorisation de leur mari. Sur X, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, célèbre les 60 de cette loi qu’elle voit comme « une porte ouverte vers la liberté et l’égalité pour toutes ». Elle nuance toutefois : « Notre devoir est de n’en laisser aucune se refermer ».
Les violences économiques subsistent
Plus de 4 femmes sur 10 feront l’expérience de violences économiques dans leur vie. C’est le constat glaçant d’un sondage mené par la newsletter Les Glorieuses avec IFOP, qui alerte quant à « un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière des femmes ».
En 2025, 27% des femmes en couple avec un conjoint qui gagne beaucoup plus qu’elles ont déjà été victimes d’au moins une violence économique de la part de leur partenaire actuel, contre 14% des femmes aux revenus équivalents à leur conjoint. Sur les 951 femmes qui ont répondu au sondage, 23% sont victimes de violences économiques de la part de leur partenaire actuel. Cet écart de revenus dans le couple est d’autant plus alarmant qu’une femme sur 3 ayant été victime de violences économiques a subi par la suite une autre forme de violences conjugales, précise le sondage.
Le réseau Solidarité Femmes, qui accueille et accompagne les femmes victimes de violences, révèle qu’un quart des femmes en couple n’ont pas de compte bancaire personnel et que 44% des femmes en couple ne pourraient pas quitter le foyer sans aide financière extérieure. Résultat : 39% des victimes de violences économiques restent avec leur conjoint pour des raisons financières. Cette proportion grimpe même jusqu’à 46% lorsqu’elles ont des difficultés ou des impossibilités de subvenir à leurs besoins. Même séparées, les femmes subissent d’autres violences économiques, comme le non versement de la pension alimentaire dans le cas des séparations avec enfant.
Aujourd’hui, les inégalités professionnelles persistent. Les professions moins bien rémunérées et sans progression de carrière possible sont davantage exercées par des femmes. Résultat : à partir de 40 ans, les femmes perdent en moyenne 157.245 euros en 20 ans, selon les chiffres de l’Insee.
Depuis la loi du 13 juillet 1965, d’autres avancées ont permis aux femmes d’acquérir davantage d’indépendance financière dans la sphère familiale. Depuis 1970, la notion de « chef de famille » appartient au passé. En 1986, à la suite de la transposition d’une directive européenne, la cogestion des biens du couple marié est généralisée. En 2021, la loi Rixain rend obligatoire le versement du salaire sur un compte dont le salarié est le détenteur ou codétenteur, afin de garantir aux femmes un accès à leurs revenus. Si le combat pour l’égalité professionnelle et l’indépendance financière des femmes progresse, les violences sexistes, sexuelles et économiques doivent encore être combattues.
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