Selon des économistes, même l’immigration familiale, en France, participe à la croissance. Les femmes en particulier contribuent « très positivement » à la richesse nationale.
L’immigration en France est bénéfique à la croissance. C’est la conclusion d’un récent travail d’économistes sur lequel se penche Mediapart. La plupart des études empiriques précédentes « ne permettent pas de conclure à un effet négatif de l’immigration sur l’économie du pays d’accueil », relèvent les trois auteurs de cette nouvelle étude.
Mais leur observation, qui portait sur le cas de la France entre 1994 et 2008, « va au?delà », soulignent-ils. Leur étude (ici en pdf) conclut que l’immigration extra-européenne en France a « un effet positif et significatif » sur le PIB par habitant. Autrement dit, que les immigrés de pays tiers ont « participé à l’amélioration des conditions de vie moyennes des autochtones. »
L’immigration familiale elle-même – bien plus importante que l’immigration de travail – apparaît « favorable à la croissance économique ». Ce que n’observaient pas de précédentes études européennes. Pour les économistes, ce résultat « suggère que la migration est plus bénéfique en France qu’elle ne l’est en moyenne dans les pays de l’OCDE ».
« Effet multiplicateur » du travail des femmes immigrées
Si le sujet n’est pas abordé dans l’étude, Mediapart va plus loin avec l’un de ses trois auteurs, Hippolyte d’Albis, professeur à l’École d’économie de Paris et à Paris I. L’immigration familiale concerne en effet en grande majorité des femmes. D’où cette analyse d’Hippolyte d’Albis :
« Nos résultats montrent que les femmes venues en France pour rejoindre leur époux contribuent beaucoup et très positivement. Cela prouve que ces femmes travaillent le plus souvent et qu’en travaillant, elles permettent à d’autres personnes de travailler. Par exemple, elles sont très présentes dans les métiers de garde d’enfant. Ce faisant, elles libèrent le temps des parents qui restaient auparavant à la maison au profit d’emplois qualifiés. Leur travail a un effet multiplicateur. On pourrait dire qu’elles contribuent deux fois. »
Pistes de réflexion pour les parlementaires
Voilà, conclut Mediapart, de quoi « apporter un démenti à ceux qui minimisent le travail des femmes dans le cadre de l’immigration familiale et qui perpétuent le préjugé selon lequel ces familles seraient un poids. »
De quoi, aussi, apporter de nouvelles pistes de réflexion aux parlementaires qui débattront prochainement de l’immigration professionnelle et étudiante. Mediapart leur soumet « deux idées : pour assurer la complémentarité des compétences, l’ouverture ne doit pas se limiter aux seuls ‘talents’, c’est-à-dire aux salariés hautement qualifiés ; quant à l’immigration familiale, sans doute y aurait-il un sens à intégrer dans les discussions la question du travail des femmes immigrées, dans la mesure où celles-ci contribuent, semble-t-il plus que d’autres, à la richesse nationale » .
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