
Photo de la série « Pères et enfants », par B. Krishtul – 1969.
Selon l’INSEE, plus d’une mère sur deux interrompt ou réduit son activité professionnelle après l’arrivée d’un enfant. Ce n’est le cas que d’un père sur neuf. Question de logique économique, surtout.
De nouvelles données publiées par l’INSEE, mardi 25 juin, viennent mettre en évidence les inégalités entre hommes et femmes en matière de parentalité. En 2010, en dehors du congé de maternité ou de paternité, 33% des parents ayant au moins un enfant de moins de 8 ans ont modifié leur temps de travail pendant au moins un mois pour s’occuper de leur plus jeune enfant. C’est le cas de 55% des mères et de 12% des pères.
Dans les trois quarts des cas, les mères qui mettent un frein à leur activité pour s’occuper de leur enfant prennent un congé parental à temps plein. Les pères, eux, ont davantage tendance à réduire leur activité qu’à l’interrompre.
Question de salaire et de carrière
C’est une tendance que relevait déjà une étude de la CNAF sur le congé parental au mois de janvier : seuls 1% des pères interrompent leur activité pour s’occuper de leur enfant de moins de 3 ans. Et encore le font-ils partiellement : 70% d’entre eux choisissent de continuer de travailler à temps partiel, alors que plus de la moitié des mères (56%) cessent totalement leur activité (Voir : Les pères restent réfractaires au congé parental).
L’explication est avant tout économique, observe l’INSEE : les employées et les ouvrières ont plus souvent interrompu leur activité que les cadres et les professions intermédiaires. Logique : « Leur perte de salaire est moins forte et relativement mieux compensée par le complément de libre choix d’activité et par les économies réalisées (sur les frais de garde, les frais de transports…). »
Quant aux pères, qui ne prennent que très rarement un congé parental, ils disent, deux fois plus que les mères, craindre un « effet défavorable » sur leur travail ou leur carrière (30% contre 16% des femmes).
L’enjeu des modes de garde
Les Françaises interrompent moins leur activité que leurs voisines européennes, note par ailleurs l’INSEE. Une tendance qui s’explique d’une part par les particularités en matière d’offre de modes de garde, plutôt mieux développée en France qu’ailleurs. Reste que 33% des mères ayant pris un congé parental invoquent comme raison le coût des modes de garde, 17% l’absence de solution de garde à proximité et 17% également l’incompatibilité entre les horaires de travail et les horaires des services d’accueil.
Le gouvernement a annoncé en avril un renforcement de l’offre de modes de gardes au cours du quinquennat (Voir : Accueil de la petite enfance : la politique du chiffre est de retour). Et la future loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes prévoit une (mini-)réforme du congé parental, pour inciter davantage les pères à le prendre (Voir : Pas de révolution pour le congé parental). Mais sans réellement répondre aux implications financières que soulève cette étude de l’INSEE.
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