A quelques semaines de la COP27, la parité n’est toujours pas de mise dans les négociations sur le climat. Les femmes, premières victimes du dérèglement, veulent leur place à la table du pouvoir.
La 27e Conférence (COP27) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) aura lieu à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022. Et, à l’initiative du jeune mouvement SHE Changes Climate, plus de 500 leaders du monde entier appellent à une répartition égale des femmes et des hommes dans l’équipe dirigeante de la COP27.
L’initiative, présentée par le Financial Times, n’est pas la première du genre. Le quotidien Britannique note que les appels à donner davantage de pouvoir aux femmes se multiplient depuis la conférence de Marrakech en 2001 « mais 19 ans après, l’objectif d’un « équilibre entre les sexes » – n’est toujours pas atteint que ce soit dans les organes des Nations unies qui travaillent sur le changement climatique ou dans les délégations qui négocient les accords visant à réduire les émissions. »
Et ceci malgré de nombreux appels à davantage de parité. Le FT cite par exemple Farhana Yamin, avocate spécialisée dans l’environnement et militante pour le climat, qui travaille sur les négociations internationales depuis 1991. Mais il a fallu attendre la COP18 de Doha en 2012 pour que l’objectif d’ « équilibre entre les sexes » dans les négociations sur le climat devienne officiel. Ensuite les progrès ont été lents.
Alors le collectif She Changes Climate, né avant la COP26 de Glasgow en 2020, veut que les femmes donnent de la voix. Il indique que les femmes occupent 39% des postes dans les organes climatiques de l’ONU en 2022, contre 34 % en 2021. Mais le nombre de femmes nommées chefs et chefs adjoints de délégations nationales a diminué de 1 % l’an dernier, ralentissant une tendance positive depuis 2018.
Temps de parole limité pour les femmes
Les délégations nationales à la COP26 de Glasgow étaient représentées à 37 % par des femmes mais les femmes n’ont occupé que 29 % du temps de parole total. Plus haut, les présidents des groupes de négociation étaient « majoritairement des hommes », indique ce rapport, et, lors des séances plénières, les femmes n’ont occupé que 23,7 % du temps de parole.
Cette année, SHE Changes Climat a adressé à la présidence égyptienne, une lettre ouverte signée par plus de 500 représentant.es de gouvernements, d’entreprises, de la société civile, universitaires, chercheur.ses, militant.es… demandent l’égalité des sexes dans les négociations sur le climat. Elles veulent une répartition égale des hommes et des femmes dans l’équipe dirigeante de la COP27. Et souhaitent que désormais, la CCNUCC ait un homme et une femme comme coprésident.es de chaque sommet sur le climat…
Le 4 novembre prochain, « SHE Changes Climate » organise un sommet en ligne « pour partager notre vision 50/50 pour un avenir durable »
Rappelons que, dans le monde, les femmes subissent bien davantage que les hommes les conséquences du dérèglement climatique, mais ce sont majoritairement des hommes qui prennent les décisions concernant l’avenir de la planète.
Lire aussi dans Les Nouvelles News
CES ACTIVISTES QUI AFFRONTENT DE PUISSANTS CLIMATOSCEPTIQUES
LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE AUGMENTE LES VIOLENCES SEXISTES
POUR LE CLIMAT, L’ONU APPELLE À PLACER LES FEMMES « AU CŒUR DU PROCESSUS DÉCISIONNEL »
FEMMES ET CLIMAT : LA COP23 ADOPTE UN « PLAN D’ACTION GENRE » (2017)
COP21 : 7% DE FEMMES À LA TABLE DU POUVOIR (2015)
DAVANTAGE DE FEMMES DANS LES NÉGOCIATIONS CLIMATIQUES ? (Doha 2012)
CHANGEMENT CLIMATIQUE : POUR L’ONU, LES FEMMES SONT EN PREMIÈRE LIGNE
DOSSIER CLIMAT ET ENVIRONNEMENT