Backlash. La proportion des entreprises prêtes à embaucher davantage de mères de famille a chuté de 20 % en un an. Mais « 57 % d’entre elles apprécient les mères reprenant le travail car elles offrent leur expérience et leurs compétences sans pour autant demander des salaires élevés. » Un cynisme de crise économique révélé par l’agence Regus.
La parité, plus on en parle moins on la fait. Pendant que le Parlement vote une loi – prudente – sur les quotas à la tête des grandes entreprises, pendant que les ministres des Affaires sociales se succèdent, main sur le cœur, jurant que les discriminations hommes/femmes au travail c’est terminé… la place des femmes sur le marché du travail est salement amochée.
Non seulement leurs salaires sont toujours inférieurs de 27 % en moyenne à ceux des hommes, non seulement elles écopent des temps partiels subis, mais la situation devrait empirer. « 2011 sera marquée par un ralentissement de l’emploi pour les mères de famille et verra de vieux préjugés refaire surface » annonce l’étude du fournisseur de solutions d’espaces de travail Regus. Confirmation en chiffres : Il y a un an, 44 % des entreprises interrogées envisageaient d’engager des mères, contre 36 % aujourd’hui. « Les employeurs français craignent un défaut de flexibilité des mères qui travaillent (41 %) », explique l’enquête.
Double peine
Préjugé ou réalité ? Etant donné que les femmes assurent 80 % des tâches familiales et domestiques, il est possible que beaucoup d’entre elles soient moins flexibles pour leur emploi. Et ça ne devrait pas s’arranger. En France, aucune politique publique de conciliation vie familiale / vie professionnelle n’est mise en place. Nous l’évoquions dans le triste bilan de la non parité en 2010. La réforme du congé parental n’a pas abouti. Elle devait pourtant proposer un congé long, bien rémunéré, à partager entre le père et la mère, ce qui aurait mis à égalité les candidats hommes et femmes devant leurs futurs employeurs. L’augmentation de 400 000 places en crèche, promise par Nicolas Sarkozy en 2007, n’a pas eu lieu… Résultat, les femmes sont souvent acculées à interrompre leur activité professionnelle pour s’occuper des enfants : un peu plus de 60 % des enfants de moins de 3 ans sont gardés par leur maman qui cesse son activité professionnelle, selon la DARES. Et une fois que le pli est pris, ce sont elles qui assurent l’intendance familiale quand elles ont repris le travail. Les hommes sont donc perçus comme plus flexibles qu’elles, ce qui semble être un critère de recrutement plus important que la compétence. Elles font plus que leur part dans la vie familiale et sont pénalisées au travail, c’est la double peine.
Seule planche de salut pour les femmes : avoir des compétences rares : « 56 % des entreprises accordent une importance particulière aux mères actives proposant des compétences rares sur le marché actuel », nous dit l’étude Regus. Autre solution pour être recrutée : accepter des salaires plus faibles : « 57 % des entreprises apprécient les mères reprenant le travail car elles offrent leur expérience et leurs compétences sans pour autant demander des salaires élevés. » Mal parti pour la parité.
Mais attention : se soustraire à cette forme de soumission à l’ordre établi n’est pas bon non plus ! Une enquête révélée par France 2 (ci-dessous) nous apprend que les femmes qui ont leur permis moto ont moins de chance d’être recrutées que les autres. Pile tu perds, face tu ne gagnes pas !
Voir la vidéo « Discrimination des femmes… »