En Grande Bretagne, Yvette Cooper, la nouvelle ministre de l’Intérieur, annonce une stratégie de lutte contre la prolifération de haine. Elle veut traiter la misogynie comme l’extrémisme.
Yvette Cooper, ministre de l’Intérieur depuis la nomination du nouveau gouvernement paritaire britannique en juillet dernier, veut mettre au point une stratégie de lutte contre les idéologies extrémistes, dont la misogynie extrême et l’extrémisme en ligne.
Le 18 août, elle a annoncé avoir demandé à ses services d’identifier les lacunes du système de lutte contre les idéologies extrémistes. Sont cités : l’extrémisme de droite et l’islamisme, mais aussi d’autres tendances idéologiques comme la misogynie extrême. « Les gouvernements ont trop longtemps échoué à faire quelque chose contre la montée de l’extrémisme en ligne et dans la rue. Le nombre de jeunes qui se radicalisent en ligne a augmenté » a-elle déclaré à l’agence de presse britannique PA.
Urgence nationale
L’association des commissaires de police NPCC (National Police Chiefs’ Council) a plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme et parlé d’une urgence nationale face à l’augmentation des actes de violence contre les femmes et les filles.
La Grande-Bretagne a récemment été le théâtre de violences extrêmes. Depuis que des émeutes ont éclaté dans toute l’Angleterre à la suite de la diffusion d’informations fausses sur les coups de couteau qui ont coûté la vie à trois jeunes filles à Southport, au moins 72 personnes âgées de moins de 18 ans se sont rendues coupables d’extrémisme. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, avait alors dénoncé des violences « clairement » alimentées par la « haine d’extrême droite ».
Yvette Cooper veut permettre au parti travailliste de tenir la promesse faite dans son manifeste d’empêcher les gens d’être attirés par des idéologies haineuses. « Pendant trop longtemps, les gouvernements n’ont pas su faire face à la montée de l’extrémisme, tant en ligne que dans nos rues, et nous avons vu le nombre de jeunes radicalisés en ligne augmenter. Les incitations à la haine de toutes sortes fracturent et effilochent le tissu même de nos communautés et de notre démocratie. » a-t-elle déclaré. « C’est pourquoi j’ai demandé au ministère de l’intérieur de procéder à une analyse rapide de l’extrémisme, de cartographier et de suivre les tendances extrémistes, de comprendre ce qui fonctionne pour perturber et détourner les gens des opinions extrémistes, et d’identifier les lacunes de la politique existante qui doivent être comblées pour sévir contre ceux qui incitent à la violence et aux croyances nocives et haineuses. »
Lever la confusion misogynie / liberté d’expression
Selon The Guardian, certains ont exprimé des craintes : « considérer la misogynie comme de l’extrémisme pourrait criminaliser la liberté d’expression. » Mais la députée Jess Phillips, a fermé la discussion sur la chaîne LBC : « Il suffit d’utiliser les mêmes critères que pour l’extrémisme de droite et l’islamisme, n’est-ce pas ? » Bien sûr les réseaux sociaux « devront sans aucun doute faire partie de la solution ». Elle plaide pour une règlementation plus stricte de ces médias.
En France aussi, la haine misogyne semble être considérée comme moins grave que d’autres formes de haine. La plateforme de signalement des contenus haineux du ministère de l’Intérieur se fait tirer l’oreille pour que le cyberharcèlement sexiste soit combattu (lire : Le cybersexisme, angle mort de Pharos). Et partout dans le monde les plateformes résistent à l’adoption de règlementations efficaces contre la hane (Lire : Sous couvert de liberté d’expression, les contenus pornographiques sont autorisés sur X)