Le président du Sénat redit son opposition personnelle à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, à la veille de l’examen d’un texte… dont le principe a déjà été approuvé par le Sénat.
Nouveau rebondissement dans le difficile parcours du texte de loi visant à faire entrer dans la Constitution le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Ce mardi 23 janvier, sur Franceinfo, à la veille de l’examen de ce texte par l’Assemblée nationale puis par le Sénat -en vue d’une adoption par le Congrès du Parlement début mars- Gérard Larcher s’est dit opposé à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.
Promesse d’Emmanuel Macron, la constitutionalisation de l’IVG a connu de nombreux tirs de barrage sur fond d’idéologie, de politique politicienne ou de technique juridique.
Premier obstacle du Sénat franchi pour l’IVG
Mais le 12 décembre dernier, les associations, qui s’étaient fortement mobilisées pouvaient respirer enfin : un projet de loi constitutionnelle était présenté en Conseil des ministres laissant présager son adoption prochaine.
Parmi les multiples obstacles à franchir, le texte avait passé celui du Sénat en remplaçant l’inscription d’un « droit » par la garantie d’une « liberté » d’avorter.
Mais voici que le président du Sénat, élu Les Républicains, tente à nouveau de rebattre les cartes sur Franceinfo. Sa réponse commence plutôt bien :« J’ai toujours été très favorable à l’IVG. Et la première préoccupation qui est la mienne, c’est les conditions dans lesquelles on pratique l’interruption volontaire de grossesse. On a fermé en plus de dix ans 130 centres qui se consacraient à l’IVG» … Mais…
Hors catalogue selon le président du Sénat
Mais il est opposé à la constitutionnalisation de ce droit. Ce n’est pas la première fois qu’il le dit. Avec des arguments rigoureusement opposés aux raisons pour lesquelles a été demandée l’inscription de ce droit dans la Constitution. « Je ne pense pas que l’IVG soit menacé dans notre pays » affirme-t-il ! C’est pourtant la montée de l’extrême droite en France et l’exemple de pays ayant vu le droit à l’IVG reculer avec l’avancée de l’extrême droite qui a rendu cette loi urgente. Il ne peut pas l’ignorer.
« Mais je pense que la Constitution n’est pas un catalogue de droits sociaux et sociétaux », a-t-il asséné sur Franceinfo. « Par tradition, je ne vote pas [parce qu’il est président], mais je vous donne un avis très personnel. En conscience, je pense que la Constitution, ce n’est pas ce catalogue-là », a-t-il ajouté. Avant de faire un clin d’œil appuyé aux ultra-conservateurs en déviant sur « les droits de l’enfant à naître ».
Ses déclarations ont suscité une avalanche de réactions indignées à gauche. Peu de réactions dans les rangs macronistes et à droite.
Cette déclaration risque-t-elle de faire capoter le projet de loi constitutionnelle ? Pas sûr. Comme l’a dit, optimiste, la sénatrice écologiste Mélanie Vogel à l’AFP « Gérard Larcher a toujours été opposé et cela n’a pas empêché le Sénat de voter pour. Si certains changent leur vote un an après, il s’agira d’un prétexte. »
De son côté, le chef des députés Les Républicains, Olivier Marleix, a rappelé que les députés de son groupe seraient libres de voter ou non en faveur du projet de loi gouvernemental.
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