
Pour en finir avec les discriminations inconscientes qui limitent l’horizon des enfants dès leur naissance, un rapport préconise un « pacte éducatif pour l’enfance ».
Ça commence au jardin d’enfants. Où les personnes qui s’occupent des bambins ont tendance à davantage écouter les petits garçons que les petites filles, à interpréter leurs cris comme de la colère tandis que les filles seraient capricieuses. A conduire les uns vers les grands espaces où l’on peut faire du bruit tandis que les autres, les filles, sont choyées si elles sont jolies, souriantes et sages. Et puis il y a tous ces messages implicites qui remettent les uns et les autres à « leur » place… « Il arrive souvent que les professionnels de la petite enfance disent au papa “vous direz à votre femme que… le bébé a toussé par exemple” », a noté Brigitte Grésy, co-auteure du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), désolée de voir que l’on décourage ainsi les rares papas présents à la crèche.
Des stéréotypes partout
Ce rapport « sur l’égalité entre les filles et les garçons dans les modes d’accueil de la petite enfance », remis jeudi 28 mars à la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, étudie avec précision comment ces stéréotypes s’installent. Les interactions des professionnels avec les enfants comptent pour beaucoup. Exemple : ils interrompent plus souvent les filles mais laissent les garçons aller au bout de leur pensée, ce qui doit jouer sur l’estime de soi. Les garçons sont encouragés à aller vers des jeux de construction tandis que les filles jouent un rôle (de maman par exemple.) Dans le sport, c’est la technicité qui prime pour les garçons versus l’élégance pour les filles. Dans le choix des vêtements c’est le désir d’être à l’aise versus le désir de plaire. Le monde du jouet reste très binaire. Quant à la littérature enfantine… « le masculin l’emporte sur le féminin. »
Et c’est ainsi que les stéréotypes s’inscrivent dans le cortex des plus petits. Ils se gravent ensuite durablement quand d’autres signaux viennent conforter ces premiers messages. Les filles savent qu’on attend d’elles qu’elles soient jolies douces et soucieuses de leur foyer et les garçons plus aventuriers et entreprenants. « Les stéréotypes penchent en défaveur des femmes, c’est un gâchis de talent et d’inventivité », affirme Najat Vallaud-Belkacem.
Valoriser les métiers de la petite enfance
Le rapport propose « cinq axes et quinze recommandations ». Un « pacte éducatif pour l’enfance » nommé PASS-AGE qui concernerait la formation initiale et la formation continue des personnels de la petite enfance. Un DVD de sensibilisation pourrait être distribué dans toutes les crèches. Il faudrait aussi valoriser les métiers liés à la petite enfance. Ce qui aurait l’avantage de briser un stéréotype : une croyance tenace suggère que ces métiers sont faits pour les femmes qui auraient un savoir-faire inné. En montrant que ces métiers nécessitent des compétences qui s’acquièrent on les valorise et on incite les hommes à s’y engager.
Reste une objection : agir auprès des professionnels de la petite enfance ne permet de toucher que 40% des enfants, les autres échappant au service public de la petite enfance… « 40%, ça reste important pour faire bouger les mentalités », conclut la ministre.
Lire aussi sur Les Nouvelles NEWS :
Des hommes à la crèche, c’est possible ?
Semaine de la presse à l’école, contre les stéréotypes
Moins de plein air pour les filles
