Après avoir tenu bon pendant 4 ans face aux normes européennes, l’Insee finit par inclure le trafic de stupéfiants dans le calcul du PIB. Mais il oublie toujours d’intégrer la valeur produite par le travail domestique.
L’Insee l’a confirmé cette semaine : l’institut statistique français va inclure, à partir du mois de mai, le trafic de drogue dans son calcul du Produit intérieur brut (PIB). L’Insee finit ainsi par se plier, quatre ans après avoir dit non, aux demandes d’Eurostat. Pour l’institut statistique de l’Union européenne, toute « transaction », même illégale, entre parties consentantes, doit être comptabilisée dans la mesure de la richesse produite dans un pays.
La prise en compte « de la consommation de stupéfiants et des activités liées à cette consommation » occasionnera selon l’Insee « une révision en très légère hausse du niveau du PIB ».
Dès 2014, plusieurs États membres s’étaient pliés aux nouvelles normes d’Eurostat, intégrant à leur mesure du PIB le trafic de drogue, mais aussi la prostitution. Ce dernier « commerce », l’Insee se refuse toujours, pour sa part, à l’inclure dans ses calculs.
Pendant ce temps, la valeur produite par le travail domestique – non rémunéré, et très majoritairement féminin – reste ignorée quand il s’agit de mesurer la création de richesse.
« Repasser son linge, tondre sa pelouse et garder ses enfants n’est pas compté comme étant une production dans notre produit intérieur brut alors que faire pousser des tomates l’est. Il n’y a pas vraiment de raisons de fond. Ce sont plutôt des raisons historiques (…) On sous-estime la part des femmes dans la création de richesse », expliquait en 2012 Delphine Roy, chargée d’études à l’Insee, lors du colloque des Nouvelles NEWS consacré au sexe de l’économie.
Si ces activités domestiques étaient valorisées, elles compteraient en moyenne pour 16%, voir un tiers, du PIB : l’Insee lui-même effectuait ce calcul en 2012. C’est alors une toute autre vision de l’économie qui apparaîtrait.
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