Quand le directeur de la Cinémathèque française affirme, devant des étudiants de La Sorbonne, que Maria Schneider n’a pas été violée pendant le tournage du film Le Dernier Tango à Paris, il est recadré.
Lors d’une « ciné-rencontre » avec des étudiants de l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne le 22 octobre 2025, Frédéric Bonnaud, directeur de la Cinémathèque française, a nié qu’il y ait eu agression sexuelle contre Maria Schneider sur le tournage d’une scène du film « Le dernier Tango à Paris», rapporte Mediapart. Les journalistes reprennent sa réponse à une interpellation d’un étudiant : « Maria Schneider a été maltraitée. Maria Schneider a été utilisée. Non, elle n’a pas été abusée sexuellement. Non, mais pardon, c’est elle qui le dit. Elle n’a pas été abusée sexuellement. C’était faux. » Les protestations des étudiant.es n’y ont rien fait…
Des précédents
Frédéric Bonnaud avait pourtant dû regarder en face la question en décembre dernier alors qu’il s’apprêtait à diffuser Cinémathèque Française le film en question à l’occasion d’une rétrospective consacrée à Marlon Brando.
Lors du tournage de ce film, l’acteur et le réalisateur Bernardo Bertolucci s’étaient entendus pour préparer une scène de sodomie qui ne serait pas simulée. L ’actrice Maria Schneider avait été violée, les caméras braquées sur elle.
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Par ailleurs, un film de Jessica Pallud inspiré du livre Tu t’appelais Maria Schneider, de Vanessa Schneider (cousine de Maria) racontait le drame… Et l’extrême lenteur de la prise de conscience de ces hommes de cinéma. Le film montre qu’en 2013, à la Cinémathèque française, Bertolucci déclarait encore sans remords qu’il avait joué sur l’effet de surprise pour que Maria réagisse « en tant que fille, pas en tant qu’actrice. Je ne voulais pas que Maria joue sa rage et son humiliation, je voulais qu’elle ressente la rage et l’humiliation ». Bertolucci et Brando sont morts sans jamais s’excuser ou être inquiétés.
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Et les propos du directeur actuel de la Cinémathèque montrent qu’on est encore loin d’une réelle prise de conscience dans le milieu et chez les réacs. Le magazine Causeur a par exemple consacré un article à cette nouvelle affaire en l’intitulant : «’Le Dernier tango à Paris’ ou le scandale permanent »… Et ce n’est pas le viol que ce journal trouve scandaleux mais ce qu’il appelle une « puissante entreprise de censure généralisée »…
Une accusation qui, heureusement, n’intimide pas la direction de la Sorbonne. Médiapart signale que la coordinatrice de la licence cinéma, Sarah Leperchey, a évoqué des « propos honteux » et a présenté des excuses officielles au nom de l’équipe pédagogique. L’École des arts de la Sorbonne a annoncé l’ouverture d’une procédure interne pour clarifier la situation.

