Les moyens alloués aux associations féministes sont de plus en plus maigres. Le Planning familial interpelle les pouvoirs publics dans une tribune et dénonce la recrudescence des attaques politiques contre les droits et santé sexuels et reproductifs.
Quelques jours après l’appel à l’aide lancé par la Fédération nationale des CIDFF, c’est au tour du Planning familial d’alerter quant à la « situation intenable » à laquelle il fait face. Dans une tribune parue le 16 juin dans le journal Le Monde, l’association annonce subir des coupes budgétaires sans précédent.
Le Planning familial en grande difficulté
Dans son texte, le Planning familial rapporte les fermetures en série de ses antennes sur le territoire. Dans la Drôme, sur les 12 centres de santé sexuelle, 7 ont fermé. Le conseil départemental a même annoncé réduire de 20 % les subventions octroyées à l’association. Dans le département du Loiret, les subventions ont baissé de 10 %, soit une perte de 47 000 euros, ce qui menace le maintien de deux postes. La présidente de la région Pays de la Loire a même annoncé la suppression totale des aides allouées.
La fermeture d’antennes départementales associée à une baisse significative des subventions fragilise énormément l’association mais aussi, et surtout, ceux et celles qui en sollicitent les services. Créé en 1956, le Planning familial représente aujourd’hui « plus de 2 000 militants, salariés et bénévoles ainsi que 82 associations départementales qui luttent chaque jour pour l’émancipation de toutes et tous », rappelle la tribune. L’association précise également que 500.000 personnes sont concernées par les actions du Planning familial. « On coupe les moyens d’agir, mais les besoins, eux, augmentent. Sans le Planning, c’est la santé qu’on sacrifie. Sans le Planning, c’est le pouvoir d’agir et l’autonomie des personnes à choisir que l’on abandonne », craint l’association.
Les associations féministes cible de politiques conservatrices
Le Planning familial n’est pas le seul à subir un contexte budgétaire difficile. Plusieurs associations féministes sont mises en difficulté. Le 6 juin dernier, la FNCIDFF pressait le gouvernement d’agir alors que 25 associations départementales, soit un quart du réseau, avaient fermé des permanences juridiques à cause d’une sévère baisse de leurs moyens financiers. La ministre chargée de l’Égalité Aurore Bergé a promis une nouvelle fois que des aides allaient arriver. Elle a annoncé le versement d’une compensation financière de la prime Ségur aux CIDFF dans la semaine du 23 juin. Face à cette dégradation généralisée des moyens des associations féministes, la Fondation des Femmes a annoncé dans un communiqué, publié le 17 juin, le lancement d’une pétition ainsi que d’une enquête sur la santé financière des associations féministes en 2025. Le but ? « Objectiver la situation et communiquer à l’appui de chiffres forts à la rentrée ».
Pour le Planning familial, les politiques conservatrices sont en partie responsables de ces coupes budgétaires sans précédent. « L’austérité économique annoncée s’accompagne de choix politiques qui sont toujours en défaveur des associations et des services publics, et donc affectent en premier lieu les femmes, les personnes LGBTQIA+, les personnes migrantes, les jeunes et les plus précaires », déplore la tribune, avant de préciser : « Réduire les financements du Planning familial revient à s’attaquer à l’accès à la contraception, à l’avortement, à la prévention des IST, à l’éducation à la sexualité, à la prise en charge des personnes victimes de violences sexuelles ». Dans sa tribune, le Planning familial s’inquiète d’un conservatisme grandissant au niveau international, notamment aux États-Unis depuis la réélection de Donald Trump. Selon un rapport de l’IPPF (Fédération internationale des plannings familiaux), cité par la tribune du Planning familial, cette politique conduirait à près de 3 844 décès maternels supplémentaires, 3,1 millions de grossesses non désirées supplémentaires ou encore 756 010 avortements dangereux supplémentaires dans les quatre prochaines années. « Ces chiffres ne sont pas abstraits, ce sont des vies humaines », conclut la tribune.
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