Violemment insultée par un vigneron lors d’un déplacement, Sandrine Rousseau obtient justice. Quand leurs opposants jouent les gros bras machos, les femmes – politiques, journalistes et militantes écologistes – ne baissent pas la tête et les bras et portent le combat de l’écoféminisme.

« Va faire la soupe, salope ». Cette invective avait été lancée par un vigneron à la députée écologiste Sandrine Rousseau, le 12 juin 2023. La députée était alors en déplacement à Fontiers-Cabardès, dans l’Aude, pour apporter son soutien aux opposants à un projet de golf. Un groupe de vignerons présents, en désaccord à propos de l’usage des pesticides auxquels s’opposent les écologistes, voulaient l’empêcher d’accéder à un domaine viticole pour rencontrer des militants. Alors que la députée s’éloigne, le vigneron lui lance de nouveau : « Grosse salope ».
Le vendredi 16 mai 2025, Sandrine Rousseau a annoncé à l’AFP que l’homme de 65 ans a été condamné à une amende de 2.500 euros avec sursis ainsi qu’à lui verser un euro symbolique de dommages et intérêts, comme elle l’avait demandé.
Attaque sexiste
Comment expliquer une telle violence verbale ? Le vigneron admet avoir été « fatigué » par ses longues journées de travail et a affirmé ne pas être dans son « état normal » au moment des faits. « Ce ne sont pas des choses à dire. Ce n’est pas bien. Je présente mes excuses à madame Rousseau, si elle veut bien les accepter », a-t-il déclaré à la barre, comme le rapportent plusieurs médias.
Lors de l’audience, qui s’est déroulée le 28 mars dernier, la procureure Géraldine Labialle s’était indignée de cet « outrage à personne chargée de mission de service public » et avait requis 3.000 euros d’amende, dont 2.000 euros avec sursis. Elle dénonçait des propos « empreints d’un sexisme et d’une misogynie décomplexés ». Sandrine Rousseau avait évoqué « l’intimidation physique » subie lors de cette rencontre et les propos « sexistes » visant notamment à « nier [ses] mandats » et à exclure les femmes du « débat public ».
Suite à la décision du tribunal, la députée écologiste y voit « une victoire pour toutes les femmes » et estime que « nulle d’entre nous ne doit être assignée à la soupe ni être traitée de ‘sale’, ce qui est à l’origine du mot salope », précise-t-elle, citée par l’AFP.
L’écoféminisme dérange
Sandrine Rousseau n’est pas la seule élue écologiste à avoir été la cible d’attaques. En mars 2023, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), devait se rendre dans le Lot-et-Garonne. Un communiqué de presse, signé par le président de la chambre d’agriculture de ce département, Serge Bousquet-Cassagne, et la Coordination Rurale (syndicat d’extrême droite), la menaçait de représailles : « Ne venez pas chez nous, ça va mal se passer ! », « Vous n’êtes pas la bienvenue, le territoire vous est hostile ! ». Elle a insisté pour maintenir sa visite. (Lire : Pouvoir viril face au pouvoir écoféministe)
Mais les personnalités politiques ne sont pas les seules à être visées. Déjà en 2022, dans les Alpes, à La Cluzaz, Valérie Paumier, fondatrice de « Résilience Montagne » a été agressée verbalement par trois hommes, dont un élu, alors qu’elle se trouvait avec des amis dans un restaurant. Ses agresseurs la menacent violemment : « J’espère que tu vas te prendre un coup de fusil dans la tête ! », rapporte l’Obs.
En mars 2023, la journaliste Morgan Large porte plainte pour le sabotage de sa voiture. Un acte de malveillance qui ne doit rien au hasard : la journaliste enquête sans relâche sur l’agro-industrie et les atteintes à l’environnement en Bretagne. Déjà en 2021, un premier sabotage de sa voiture avait eu lieu après la diffusion d’un documentaire sur France 5 (« Bretagne, une terre sacrifiée ») sur les dérives de l’industrie agro-alimentaire bretonne dans lequel elle témoignait. Cette première plainte avait été classée sans suite.
Mais face aux intimidations, les défenseuses de l’environnement ne lâchent rien et portent haut et fort le combat écoféministe.
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