Un équipage 100% féminin, dont la militante française Camille Etienne, s’est élancé à bord d’un voilier pour le Brésil où se tiendra la COP 30 dans quelques semaines. Les femmes incarnent la lutte contre le changement climatique et rappellent qu’elles sont les premières touchées.

Elles ont embarqué le mercredi 8 octobre. Les neuf membres du « Women Wave Project », six militantes et trois navigatrices, ont pris le large à bord du bateau « L’Esprit d’Équipe », depuis Saint-Nazaire, direction la COP 30, qui se tiendra dans la ville amazonienne de Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre. Leur but est clair : faire pression sur les différents chefs d’États et de gouvernement présents lors de la COP 30 pour faire avancer la lutte contre le changement climatique. « Il faut qu’on essaie de s’imposer là où on n’est pas invité, aller là où on ne nous attend pas », revendique auprès de l’AFP la militante française Camille Etienne, membre de l’équipage.
Des femmes engagées pour l’écologie
À bord, aux côtés de Camille Etienne, les militantes belges Adélaïde Charlier, Lucie Morauw et Maïté Meeûs, la militante franco-ivoirienne Mariam Touré et la vidéaste Coline Balfroid font aussi partie de l’aventure. Un équipage 100% feminin pour rappeler que les femmes sont les premières victimes du dérèglement climatique. « 80% des déplacés climatiques sont des femmes », rappelle la militante féministe Maïté Meeûs lors d’une conférence de presse. Or, à la COP29, les femmes ne représentaient que 39,6 % des personnes accréditées.
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Ensemble, ces six militantes souhaitent faire de cette traversée une action politique forte. « On est très déterminées à prendre le petit espace qu’il nous reste là-bas. Mais, ce n’est pas normal qu’on doive se battre autant pour être présentes », déplore Mariam Touré, cofondatrice de l’ONG La Jeunesse populaire, lors d’une conférence de presse. « L’idée est vraiment de représenter la société civile et l’activisme dans les COP. La COP 21 n’aurait pas été la COP 21 sans la pression de la société civile », martèle Camille Etienne à l’AFP.
Représenter les femmes et l’intérêt général à la COP
La COP est le plus grand rendez-vous mondial sur les enjeux climatiques, avec plus d’une centaine de pays présents. La COP 30 est donc déterminante. Organisée à Belém, au cœur de l’Amazonie, « cette COP va accorder une place exceptionnelle à la société civile, aux peuples autochtones », s’enthousiasme Adélaïde Charlier lors de la conférence de presse. Camille Etienne compte bien profiter de ces négociations climatiques pour insister sur l’urgence de la situation : « Dix ans après la COP 21, année après année, ça a été une lente désillusion. Dix ans après, c’est aussi le moment de rendre des comptes, d’exposer l’échec des Etats, des gouvernements successifs, à prendre la question climatique au sérieux ».
Les six militantes du Women Wave Project alertent quant à la présence grandissante de lobbies, notamment du pétrole, lors de ce rendez-vous. « Aujourd’hui, dans les COP, vous avez plus de personnes qui représentent les intérêts privés du pétrole que de personnes qui représentent les États », dénonce Camille Etienne au micro de France Inter. Une fois arrivées au Brésil, les militantes rejoindront leur délégation nationale respective, ce qui leur donnera accès à la COP30. Une manière de tenir responsable leur propre gouvernement. « Les Européens ne peuvent pas arriver aux COP et faire les beaux alors qu’ils reviennent sur les politiques environnementales chez eux. On veut dire à nos dirigeants : ‘Si vous êtes sérieux dans vos discours à la COP, appliquez-les à la maison », insiste Adélaïde Charlier.
Si l’objectif est d’achever leur voyage autour du 5 novembre, en faisant escale par les Canaries, le Women Wave Projet s’est donné pour mission de réaliser des prélèvements en ADN environnemental ainsi que de documenter les espèces rencontrées durant leur traversée. Face aux lobbies et au climatoscepticisme grandissant, le Women Wave Project prône la sororité et brandit fièrement le combat de l’écoféminisme.
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