Longtemps ignorée des entreprises, la question des violences sexistes et sexuelles commence à entrer dans le champ de la RSE. Quelques initiatives à la veille du 25 novembre, en attendant de faire de l’égalité professionnelle et économique une priorité de la lutte contre ces violences.
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Dons aux associations engagées contre les violences et campagnes de communication grand public pour le 3919
Une poignée d’entreprises françaises font de la lutte contre les violences faites aux femmes l’un des piliers de leurs engagements RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et de leur politique de ressources humaines. Pour la 4e année consécutive, Engie se mobilise et innove en lançant une vaste campagne de communication sur les réseaux sociaux et sur ses factures : « pour que chacun connaisse le numéro d’appel en cas de violence : 3919. ENGIE, sous l’impulsion de Catherine MacGregor [DG d’Engie|, renforce chaque jour son engagement pour les droits et la place des femmes dans l’entreprise et la société. » déclare Dominique Wood, Directrice de la Communication du groupe. Engagé auprès de Solidarité Femmes de longue date, Carrefour bat également le rappel à travers sa gamme de gels douche et propose à ses clients de reverser 10 centimes par achat à l’association, soutenant le dispositif par une campagne de communication sur ses sites d’e-commerce, dans ses magasins et en médias.
Les soutiens financiers des entreprises à Solidarité Femmes et aux autres associations d’aide aux victimes prennent également la forme d’actions de mécénat souvent pérennes, à travers les fondations d’entreprise. Les Fondations Raja, L’Oréal, Kering, sont des partenaires au long cours des associations. D’autres donnent via La Fondation des femmes qui fédère ainsi les actions et accompagne les projets des associations.
Ces soutiens financiers d’entreprises viennent palier une petite partie du manque de moyens dédiés par les pouvoirs publics à la lutte contre les violences faites aux femmes. Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes, rappelle régulièrement dans les médias que le budget de l’Etat se monte à 186 millions d’euros par an pour des besoins croissants estimés à 2,6 milliards d’euros.
Néanmoins, toutes causes confondues, si les entreprises mécènes donnent 3,5 milliards d’euros aux associations, moins de 1% de ce montant est dédié à la lutte contre les violences faites aux femmes. Une philanthropie plus ambitieuse de la cause des femmes, reste à bâtir en France à côté des politiques publiques affirmait Daniele Kapel – Marcovici lors de la remise des prix de la Fondation Raja qui fêtait 10 ans d’engagement le 14 novembre dernier.
Vigilance accrue des DRH et soutien aux salariées victimes de violence par conjoint
Les périodes de confinement en 2020 et le développement important du télétravail qui les a suivies ont eu pour effet de faire davantage rentrer au cœur même des entreprises la question des violences faites aux femmes, largement tenue à distance jusque-là. La frontière invisible entre la sphère privée et celle du travail est apparue poreuse dans ce nouveau contexte, quand le lieu de travail est devenu le domicile.
Mais déjà, à partir des années 2000, le droit du travail s’est enrichi d’obligations nouvelles pour les employeurs autour des RPS (risques psycho-sociaux) et en 2015, du champ de la QVT (Qualité de Vie au Travail, Loi Rebsamen, puis Loi Santé travail du 2 août 2021). Pénalement responsables en cas de violences sexuelles, sexistes et de harcèlement sexuel sur le lieu de travail, les employeurs se sont structurés pour lutter contre ces phénomènes autrefois tabous ou banalisés. La QVT a apporté la mise en place de dispositifs favorisant l’écoute des salariés. Les entreprises forment certains collaborateurs pour cela, elles veillent à la conciliation entre la vie professionnelle et personnelle et prennent davantage en compte leur environnement direct.
Ces nouvelles dispositions, combinées à la montée dans la société des questions de violences faites aux femmes (#Metoo, Grenelle des Violences, médiatisation plus importante des féminicides), ont décidé certaines entreprises et des organisations d’employeurs à agir. En octobre 2023, l’ANDRH (Association Nationale des DRH qui réunit 5600 DRH) a signé avec ONU Femmes France le « Guide des violences faites aux femmes, quels rôles pour les DRH et managers ».
Pour Céline Mas, Présidente d’ONU Femmes France, ce guide veut être « une boussole de référence pour que les DRH puissent mieux traiter le sujet dans leurs organisations et apporter aux victimes les orientations et les soutiens dont elles ont besoin dans ces épreuves ». Audrey Richard, Présidente de l’ANDRH affirme que « Le rôle de l’entreprise doit évoluer et doit inclure la prévention et le traitement de toutes les formes de violence […], il en va de l’obligation légale d’apporter assistance à une personne en danger mais aussi d’une obligation morale et civique ».
L’’égalité professionnelle au cœur de la lutte contre les violences économiques que subissent les femmes : la première responsabilité des entreprises
La violence physique, verbale ou psychologique d’un conjoint fragilise les femmes dans leur capacité à travailler. Et les inégalités de revenus ou des emplois trop précaires laissent les femmes dépendantes financièrement de conjoints violents dans l’incapacité d’envisager une séparation. Il existe un continuum cruel pour les femmes entre ces deux types de violence, physique et économique. Or l’égalité professionnelle n’est pas une réalité : écarts de rémunération persistants à travail égal, plafond de verre, prédominance du temps partiel subi pour les femmes, métiers féminisés mal rémunérés… La première des responsabilités des employeurs n’est-elle pas de mettre fin à ces inégalités économiques qui permettent aux violences de perdurer ?
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