Le congé maternité ralentit la progression hiérarchique des femmes cadres « pendant plusieurs années » estiment les trois quarts d’entre elles selon une étude de l’Apec. Les femmes semblent devoir porter seules le coût du « réarmement démographique ».
Les entreprises ne semblent pas décidées à faire leur part pour « le réarmement démographique » appelé par le président de la République. L’accueil qu’elles réservent aux femmes cadres à leur retour de congé maternité est souvent glacial montre une étude * de L’Association pour l’emploi des cadres (APEC) publiée ce jeudi 8 février.
Pour près de la moitié d’entre elles, la reprise du travail après une grossesse a été « difficile » et même « très difficile » pour 14%. Les trois quarts des femmes cadres ayant eu des enfants considèrent que le congé maternité ralentit la progression hiérarchique des femmes « pendant plusieurs années ».
Entreprises insuffisamment organisées
71% considèrent que les entreprises sont insuffisamment organisées pour accompagner le retour de leurs salariées. Beaucoup de ces entreprises ne se conforment pas à l’obligation légale de réaliser un entretien de retour au travail permettant à leurs salariés de se remettre à niveau.
Outre la fatigue et les bouleversements organisationnels que suppose l’arrivée d’un enfant, les femmes doivent se débrouiller pour s’informer sur les changements qui ont eu lieu pendant leur congé maternité et se former sur d’éventuels changements de méthode de travail ou de supports informatiques dans leur entreprise.
La déconnexion pendant le congé n’est pas toujours évidente : « certaines femmes cadres continuent d’être connectées avec leur entreprise à des degrés différents (suivi des e-mails ou des clients, présence à certaines réunions en ligne), contrairement à l’obligation légale » écrit l’Apec. Beaucoup n’ont pas été remplacées systématiquement, avec à la clé le risque d’une « surcharge de travail au retour » et « le danger d’un épuisement pour la reprise de poste ». Autre variante : « si le remplacement s’est déroulé dans de bonnes conditions, le risque est plutôt celui de ne pas retrouver son poste initial ». Certaines femmes subissent une « « invisibilisation » progressive, une « placardisation » », poursuit l’Apec et bien sûr, « l’ensemble de ces risques est accentué en cas de congé parental long ».
Le congé maternité : un impensé
Les explications de l’Apec en disent long sur l’hostilité à la maternité de la part des entreprises. Les femmes « font face à une forme de déni de normalité de la maternité de la part de certaines entreprises. »… « La maternité reste généralement perçue comme un contretemps dans la relation de la femme cadre avec son employeur »… « Dans certaines entreprises, le congé maternité est « réduit à une absence pénalisante, un problème à régler, au lieu d’être considéré comme une étape logique et prévisible du parcours professionnel des femmes. »
L’Apec livre, à la fin de son étude, un tableau de « bonnes pratiques » à adopter pour le pas toujours faire payer aux femmes le prix du réarmement démographique. Il s’agit de simples mesures de flexibilité qu’elles savent très bien prendre dans bien d’autres circonstances de la vie de leurs salariés.
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*A partir d’une enquête menée auprès de 12 400 femmes cadres en janvier-février 2023 par l’institut CSA, la société Sorgem a interrogé, pour L’Association pour l’emploi des cadres (APEC), 840 femmes cadres ayant eu au moins un enfant au cours des dix dernières années mené une enquête.