L’INSEE vient de présenter son premier « plan d’actions » suivant les recommandations du rapport Stiglitz. Objectif : évaluer la richesse à l’aune d’indicateurs mesurant le bien-être plus sûrement que le seul Produit intérieur brut (PIB). Un catalogue d’intentions encore floues pour beaucoup d’entre elles.
Reprenons. Janvier 2008, Nicolas Sarkozy confie au prix Nobel Joseph Stiglitz le soin de proposer des indicateurs de richesse alternatifs au Produit intérieur brut. Le PIB ne donne en effet qu’une vision parcellaire de la richesse et conduit à des aberrations : un embouteillage, la maladie sont sources de richesse puisqu’ils font consommer de l’essence ou des médicaments. Le PIB ne tient pas compte du travail domestique et familial, lequel représenterait, s’il était compté, près de 50% du même PIB. Pour mesurer le bien-être et la richesse, il faut donc prendre en compte d’autres éléments. Septembre 2009, Le rapport Stiglitz est remis au président de la République en grandes pompes. « Il y aura un avant et un après ce rapport » assure Nicolas Sarkozy. Oui, mais pas trop vite.
D’abord, la commission Stiglitz l’avait dit : le PIB doit rester un indicateur phare. Derrière lui, un tableau de bord d’autres indicateurs va s’ajouter. Et l’INSEE compte bien l’élaborer avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’office européen Eurostat pour réduire les coûts de la démarche statistique et impulser des « coopérations au plan international ». En outre, les indicateurs seront d’autant plus valables qu’ils permettront de comparer entre eux différents pays. C’est sans doute en partie cette concertation qui explique la lenteur du processus.
Intégrer les politiques redistributives…
En guise d’introduction, Jean-Philippe Cotis, directeur général de l’Insee, a présenté des travaux analysant la richesse à travers « l’approche ménages ». Ces travaux tiennent compte des revenus des ménages en intègrant les politiques redistributives. Redistribution monétaire ou en nature (enseignement gratuit et prestation maladie). Les plus pauvres paraissent ainsi moins pauvres. L’éducation, la santé et les autres services assurés par les administrations représentent 23% du revenu disponible des ménages. En comptant ces prestations dans les revenus des ménages, l’écart entre les plus modestes et les plus aisés se resserre. De 1 à 5 cet écart passe à un rapport de 1 à 3. Avec ce mode de calcul, les pays à fortes politiques redistributives se situent plus haut dans le palmarès des revenus des ménages. Voilà pour l’exemple de changement.
… Et c’est tout pour l’instant
Pour le reste, il faut attendre. L’Insee va publier en 2010 des enquêtes sur le développement durable, les très hauts revenus, l’évolution du « mal-logement » et du capital humain (expériences, compétences…), l’activité des ménages et l’appréciation subjective du bien être… Comment l’organisme va-t-il calculer ? Concernant la mesure de la richesse apportée par le travail domestique et familial, les dirigeants de l’Insee semblent être encore en Terra incognita mais assurent mener un travail expérimental.