Alors que Total Energies annonce des profits records liés à sa stratégie d’expansion pétrolière et gazière, cinq lauréates du Prix Goldman pour l’environnement appellent à ne plus investir dans des projets d’énergie fossile.

Cinq lauréates du Prix Goldman pour l’environnement, aussi appelé « Nobel de l’écologie » interpellent à nouveau les institutions financières qui soutiennent trop d’entreprises dans leurs « choix de développement économique, quoi qu’il en coûte pour la planète et les droits humains. »
A la veille de l’annonce de nouveaux profits records, par le groupe Total Energies, elles ont publié une tribune dans Le Monde, et sont intervenues mercredi 8 février au Parlement européen « pour appeler les institutions financières à cesser de soutenir l’expansion pétrolière et gazière de la major française en Afrique, qui piétine le climat, la biodiversité et les droits humains. »
Leur initiative a fait moins de bruit dans les médias que les 19,1 milliards d’euros de bénéfice record de Total Energies. Le « plus important bénéfice jamais réalisé par la major française et l’un des meilleurs de l’histoire du CAC 40 » peut-on lire dans Le Monde.
Et c’est justement ce qui pose problème aux cinq Nobel d’écologie : Makoma Lekalakala, directrice d’Earthlife Africa ; Liziwe McDaid, fondatrice de l’organisation sud-africaine The Green Connection ; Heffa Shücking, fondatrice de l’ONG allemande Urgewald ; Lucie Pinson, directrice et fondatrice de Reclaim Finance et Claire Nouvian, fondatrice de l’ONG française BLOOM.
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Leur combat n’est pas gagné et les entreprises qui exploitent les énergies fossiles disposent de moyens bien supérieurs à elles pour retourner l’opinion et obtenir les faveurs de ceux qui tiennent les cordons de la bourse. En novembre dernier, elles avaient écrit à « 78 banques, investisseurs et assureurs pour leur demander de s’engager à ne plus soutenir la stratégie d’expansion de TotalEnergies en Afrique, où la major française prévoit de développer de nombreux projets, notamment l’oléoduc EACOP (East African Crude Oil Pipeline) entre l’Ouganda et la Tanzanie ou encore l’exploitation de Luiperd et Brulppada, deux importants gisements de gaz offshore en Afrique du Sud. Deux mois plus tard, seules 4 institutions financières se sont engagées à ne pas soutenir TotalEnergies dans ses projets en Afrique du Sud »
Mais les cinq femmes ont été reçues dès le lendemain de la publication de la tribune au Parlement Européen. Les députés qui les ont reçues, les Français Raphaël Glucksmann et Karima Delli se sont engagés, avec 100 élus européens, à demander à la Présidente de la Commission une législation pour empêcher tout nouveau projet fossiles.
Dans leur tribune, les lauréates du Prix Goldman rappellent que « La stratégie d’expansion menée par TotalEnergies dans les énergies fossiles est qualifiée de « folie économique et morale » par le secrétaire général des Nations unies. Mais de nombreux acteurs financiers la défendent et la financent, de manière inconditionnelle et malgré leurs engagements en matière climatique. »
La tribune explique que « TotalEnergies déploie sa stratégie d’expansion dans les hydrocarbures en Afrique. La major française est sur le point d’ajouter 2,27 milliards de barils d’équivalent pétrole à son portefeuille de production sur le continent. Cela se concrétise par le développement de projets tels que le très controversé pipeline chauffé East African Crude Oil Pipeline (Eacop), qui prévoit de relier l’Ouganda et la Tanzanie. Ce projet, qui contribuera à émettre 34 millions de tonnes de CO2 par an, met en péril, dès aujourd’hui, les moyens de subsistance de milliers de foyers. »
Alors conclut Heffa Shücking : « Il faut que cela cesse. Les institutions financières qui prétendent s’aligner sur 1,5°C doivent cesser de soutenir ce numéro un de l’expansion fossile en Afrique. »
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