Moins d’un tiers des entreprises du SBF 120 compte 30% de femmes à des postes de direction. 212 femmes manquent à l’appel pour atteindre le quota de 40 % prévu par la loi Rixain en 2030.
Presque 30 % des entreprises de l’indice boursier SBF 120 atteignent déjà le quota de 30 % de femmes à des postes de direction exécutive (Comex) prévu par la loi Rixain en 2027, indique le cabinet de conseil Heidrick & Struggles. En avance de phase ! Ce chiffre -pourtant maigre – est remarquable dans le petit cercle de dirigeants des entreprises les plus puissantes. Ces boy’s clubs n’ont ouvert la porte aux femmes que sous la contrainte. Il a fallu la loi Copé-Zimmermann en 2011 pour imposer des femmes dans les Conseils d’administration et, comme la féminisation de ces instances ne ruisselait pas sur les directions exécutives, la députée Marie-Pierre Rixain a proposé une nouvelle loi, adoptée en décembre dernier.
Dans ce contexte, presque 30 % d’entreprises comptant 30 % de femmes directrices, ça ressemble à une victoire. Et l’étude qui a été réalisée en 2021 ne prend pas en compte les nominations récentes d’Estelle Brachlianoff à la tête de Veolia et de Christel Heydemann nommée Directrice générale d’Orange. Mais le chemin à parcourir vers la parité reste long et semé d’embûches.
Heidrick & Struggles a calculé le nombre de recrutements nécessaires au sein des Comex des entreprises du SBF 120 pour atteindre les quotas fixés par cette loi. Pour atteindre le premier pallier de 30% de femmes dans les comex en 2027, il faudra recruter 78 femmes et 33 dans les seules entreprises du CAC 40 (qui font partie de l’indice SBF 120).
Pour atteindre le quota de 40%, le second objectif fixé par la loi Rixain à l’horizon 2030, il faudrait que 212 femmes accèdent à des postes de direction au sein de ces entreprises (sur 1.347 postes au sein des comités exécutifs). Et 78 pour les seules entreprises du CAC40.
Autre bémol : au sein des comités exécutifs, les femmes occupent plutôt des postes fonctionnels, à la tête de direction marketing, ressources humaines ou juridique, C’est le cas de près des deux tiers d’entre elles (68 %). Alors que les fonctions opérationnelles sont occupées à 86% par des hommes. « Si on était un peu critique par rapport à ça, on dirait qu’on commence à observer des comités exécutifs à deux vitesses », souligne Hervé Borensztejn Managing Partner chez Heidrick Consulting.
Deux vitesses aussi concernant les générations de femmes nommées. Celles qui font leur entrée dans ces comités de direction contribuent aussi au rajeunissement des troupes (outre leur féminisation). C’est seulement parmi les moins de 44 ans que les hommes et les femmes sont à parité. Ce qui laisse supposer que les hommes sont très largement dominants dans les générations plus mûres. Et ils résistent ! Ce sont les entreprises dirigées par des femmes qui féminisent le plus rapidement leurs effectifs de direction. « Parmi les entreprises les plus avancées, avec déjà 40% de femmes au comité exécutif, six d’entre elles sont dirigées par une femme » note l’étude. Il s’agit de : Europcar, Eutelsat, Gecina, Maisons du Monde, Nexity et Sodexo.
Heidrick Consulting souligne aussi que les entreprises ne font pas suffisamment d’efforts pour constituer leurs viviers de femmes dirigeantes puisqu’elles les recrutent souvent à l’extérieur. C’est le cas de 36% des femmes contre 29% des hommes. Le cabinet souligne aussi des biais dans les cases à cocher pour faire un.e bon.ne dirigeant.e. Il faut être passé par la case expatriation pour espérer accéder à la direction. Or, encore aujourd’hui, en raison des rôles sociaux qui leur sont assignés, les femmes ont plus de difficultés à s’expatrier que les hommes. Transformer une exigence de mobilité géographique en mobilité fonctionnelle pourrait peut-être grossir les viviers de candidates à la direction. Sans compter les multiples biais stéréotypés qui écartent les femmes du pouvoir encore aujourd’hui…
Lire aussi dans Les Nouvelles News
FÉMINISER LES INSTANCES DIRIGEANTES : UNE COMPÉTITION PEU DISPUTÉE
LOI ÉGALITÉ ÉCONOMIQUE ADOPTÉE AU SÉNAT… SANS LA GAUCHE
5 % DE FEMMES À LA TÊTE DES ENTREPRISES : UN CHIFFRE EN HAUSSE !
DIRECTION D’ENTREPRISE : LES HOMMES GARDENT LA MAIN
FÉMINISATION DES CA : LE CAC QUI CACHE LA FORÊT