Pour permettre aux victimes de violences conjugales d’échapper à leur bourreau sans perdre leur travail, le parlement néo-zélandais vient de voter une loi créant un congé de 10 jours.
« Nous avons entendu des avocat.e.s, des membres du personnel judiciaire, des survivant.e.s. Les dispositions actuelles sur les congés ne suffisent pas pour permettre aux victimes de mener une action en justice, trouver une nouvelle maison ou s’occuper de leurs enfants victimes de traumatismes. Il faut permettre des conditions de travail flexibles, des congés supplémentaires et protéger les victimes de discriminations ». C’est ainsi que la députée Jan Logie, élue du Parti vert, a présenté la nécessité de créer un nouveau congé rémunéré spécifique de 10 jours pour les victimes de violences conjugales indique le New-Zealand Herald.
La loi a été adoptée ce mercredi 25 juillet à 63 voix contre 57. Les partis de centre-gauche au pouvoir (Labour et New Zealand First) ayant voté pour tandis que les partis de droite s’opposaient à la mesure pour des raisons de coût.
Jan Logie avait pourtant tenu à les rassurer. Ce congé a déjà été expérimenté dans plusieurs entreprises néo-zélandaises depuis deux ans. D’abord, la plupart des victimes ne prennent pas la totalité des 10 jours auxquels elles ont droit, ensuite ces congés sont rapidement compensés par un turnover plus faible et une meilleure productivité des personnes concernées. Et puis, une association luttant contre la violence domestique, Shine, a fait observer que la violence domestique coûtait déjà aux entreprises, « pas seulement financièrement mais surtout en coût humain ».
Concernant l’emploi des femmes, une étude menée par Women’s Refuge avait montré que 60% des femmes néo-zélandaises ayant vécu une relation violente travaillaient à temps plein avant la relation, mais moins de la moitié avaient réussi à se maintenir dans l’emploi.
La Nouvelle-Zélande est un des pays développés les plus touchés par les violences conjugales. On y compte deux fois plus de féminicides qu’en Australie, au Canada ou en Grande-Bretagne et, selon une étude de 2004, entre 33% et 39% des femmes en Nouvelle-Zélande avaient subi au cours de leur vie une forme de violence physique ou sexuelle de la part d’un partenaire.
En septembre 2016, le Premier ministre néo-zélandais avait annoncé une refonte de la loi pour mieux intervenir contre les auteurs de violences domestiques et mieux prendre en charge les victimes.
voir : La Nouvelle-Zélande veut frapper fort contre les violences domestiques
Avant la Nouvelle-Zélande, les Philippines avaient déjà créé en 2004 un congé de 10 jours pour les victimes de violences conjugales.
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