Sur TikTok, les hommes se croient capables de faire atterrir un avion en cas d’urgence. Pendant ce temps, les femmes restent les principales concernées par le syndrome de l’imposteur.

« En cas d’urgence, vous sentez-vous capable de faire atterrir un avion de ligne ? » C’est la question devenue virale sur TikTok. Partie d’un sondage américain publié en 2023, cette tendance s’est répandue sur le réseau social en juin 2025 lorsque des utilisatrices ont posé la question à leur conjoint, frère ou père. En très grande majorité, ces derniers ont répondu par l’affirmative.
La confiance excessive des hommes
Sur les 20.000 personnes qui ont répondu au sondage, 46 % des hommes interrogés estiment être en capacité de faire atterrir un avion de ligne en cas d’urgence, tout en étant assisté par un contrôleur aérien. Sur TikTok aussi, les hommes répondent presque toujours par oui. Certains se lancent même dans des explications en justifiant pourquoi cela n’est pas si difficile. L’influenceuse Pich et Mel s’est prêtée au jeu et a interrogé son copain. Voici sa réponse : « Faire le décollage d’un avion et l’atterrissage ce n’est pas le plus compliqué. Suivre les lignes directrices des vols est plus compliqué, c’est pour ça qu’il y a des années d’études. »
Après la publication du sondage en 2023, des spécialistes de l’aviation avaient tenu, dans un article de The Conversation, à faire redescendre ces hommes sur terre : l’atterrissage reste la phase la plus délicate d’un vol, et ce, même pour les pilotes. Dans le cockpit, il y a plusieurs centaines de boutons, dont la fonction reste un mystère pour un œil non averti. Ce qui ne semble pas préoccuper les hommes. Pourtant, face aux quelques boutons pour faire fonctionner la machine à laver, ils restent impuissants. Pour rappel : 68 % des femmes consacrent quotidiennement du temps à la cuisine et/ou au ménage, contre seulement 43 % des hommes, selon les données 2022 de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE).
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Syndrome de l’impostrice
Si la moitié des hommes se disent capables de faire atterrir un avion, moins d’un quart des femmes interrogées ont répondu oui. Un écart révélateur. Si les hommes manifestent une confiance excessive en leurs capacités dans un domaine où ils ne connaissent absolument rien, les femmes, elles, sont rongées par le syndrome de l’imposteur.
Phénomène répandu dans nos sociétés, le syndrome de l’imposteur, qui se traduit comme le sentiment de ne pas être légitime, toucherait 7 personnes sur 10. Selon une étude menée par KPMG, à l’occasion de ses assises de la parité de 2021, 75% de femmes seraient concernées. À titre de comparaison : 50% hommes confient être touchés par le syndrome de l’imposteur. À se demander s’il ne faudrait pas le renommer « syndrome de l’impostrice ».
C’est principalement dans la sphère professionnelle qu’il se manifeste. C’est d’ailleurs dans les années 70 que le concept est théorisé afin de nommer l’angoisse des femmes occupant des postes hauts placés qui attribuaient cela à la chance, doutaient de leurs compétences et craignaient d’être démasquées. Un sentiment intériorisé dès l’enfance qui pousse encore trop souvent les femmes à limiter leurs ambitions professionnelles. (Lire : Avant le plafond de verre, « l’échelon brisé » réduit les carrières des femmes)
Si la capacité des hommes à ne pas douter de leurs capacités, voire à les surestimer au-delà du raisonnable, fait parfois sourire ou provoque un léger soupire d’agacement, le sentiment d’imposture continue de s’infiltrer dans l’esprit des femmes, qui revoient à la baisse leurs compétences.
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