Grâce à Loïs Boisson, les journaux ont parlé de femmes dans leurs rubriques sport. Des rubriques habituellement « men only » avec plus de 90 % de leur surface éditoriale consacrée aux hommes.
C’est exceptionnel ! Alors que les rubriques « sport » des journaux sont celles qui rechignent le plus à montrer des femmes, l’édition 2025 du tournoi de tennis de Roland Garros a entrouvert une porte de médiatisation. De nombreuses Unes ont été consacrées à des joueuses, notamment dans le quotidien de référence du sport, l’Equipe. La saison ne s’annonçait pourtant pas sous les meilleurs auspices.
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Et c’est grâce au talent de l’incroyable joueuse française Loïs Boisson, 22 ans, arrivée jusqu’en demi-finale pour sa première participation à ce prestigieux tournois du Grand Chelem. La jeune athlète était entrée dans le tournoi par une « une wild card », une invitation adressée à des personnes ne remplissant pas tous les critères de sélection.
Loïs Boisson, héroïque !
Loïs Boisson avait en effet été blessée un an auparavant et n’avait pas pu franchir toutes les étapes. Malgré tout, celle qui était classée au 361e rang mondial a battu la Belge Elise Mertens, 22e joueuse mondiale, puis l’ukrainienne Anhelina Kalinina, la Française Elsa Jacquemot et la numéro 3 mondiale, l’Américaine Jessica Pegula, pour se hisser en quart de finale et foudroyer la Russe Mirra Andreeva, no 6 mondiale, en deux sets. Elle a ainsi été la première Française à atteindre les demi-finales du tournoi depuis 2011, et est devenue la n° 1 française.
Ça valait bien trois Unes du quotidien sportif. Une première, le 3 juin alors qu’elle venait de se qualifier pour les quarts de finales avec une photo triomphale et ce titre : « la sensation boisson ». Une deuxième, le 5 juin, lorsqu’elle s’est qualifiée pour la demi-finale. Et une troisième, le 7 juin. L’Equipe lui a consacré une nouvelle Une pour saluer l’exploit et mieux la connaître alors qu’elle venait de se faire battre en demi-finale.
Et le lendemain, c’était encore une femme qui faisait la Une, Coco Gauf, celle qui avait battu Loïs Boisson en demi-finale et a finalement remporté le tournoi. La joueuse américaine occupe le plus grand espace à la une du journal même si le quotidien veut annoncer la finale homme qui oppose deux très grands joueurs.
Moins de 14%… Loin de la parité !
Ces quatre Unes sont les seules consacrées à des femmes sur les 29 dernières Unes concoctées par l’Equipe depuis le mois dernier soit un peu moins de 14%. Et les hommes qui apparaissent sur ces Unes n’ont vraiment pas le parcours exceptionnel de Loïs Boisson. Les hommes sont érigés en héros pour beaucoup moins que ça. Comme dans tous les domaines les femmes doivent en faire beaucoup plus qu’eux pour obtenir les mêmes résultats.
Il ne semble pas, à ce jour, que les abonnés du quotidien sportif aient tourné le dos à l’Equipe. Contrairement à ce que semblent craindre les rédacteurs en chef des ces journaux.
Les chiffres de la médiatisation des sportives sont toujours très bas. A la télévision, selon une étude de l’Arcom, seulement 5 % environ des retransmissions sportives montrent des compétitions féminines. Et dans la presse écrite, ce n’est guerre mieux, autour de 10 %. Mais ce chiffre est dopé par la presse quotidienne régionale qui évoque volontiers de petites équipes locales. Les grandes épreuves nationales se médiatisent le plus souvent au masculin.
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