Quand les femmes sont admises à la table du pouvoir elles y entrent par la petite porte, profil bas. Tout est fait pour qu’elles ne s’y sentent pas légitimes
En annonçant que le groupe de personnalités qualifiées composant le nouveau Conseil exécutif du Medef serait paritaire le président fraîchement élu, Geoffroy Roux de Bézieux, n’a pas pu s’empêcher de s’excuser auprès des hommes qui n’avaient pas pu être retenus pour en faire partie mais l’auraient bien mérité… Comme s’il considérait que la place leur était due. On en est encore là : la règle non écrite serait que la place, à la table du pouvoir est pour les hommes, la parité ne serait qu’une pénible exception.
Autour de la table d’Arret sur Images, c’est l’inverse qui s’est produit mais, en creux, le message subliminal était le même. Il n’y avait que des hommes parmi les invités d’une émission autour de la lutte contre les discriminations envers les homosexuels. L’animateur l’a fait remarquer, sans plus et a expliqué que c’était de la faute des femmes, qu’elles n’avaient pas pu se libérer ou ne se sentaient pas légitimes. Mais en maintenant l’émission en l’état, Arrêt sur images perpétue la tradition. A force de faire comprendre aux femmes qu’elles ne sont pas à leur place dans ces agoras, elles finissent par se sentir illégitimes …
Une étude montre que, contrairement à ce qu’avaient pu dire certaines dirigeantes féministes, les femmes demandent des augmentations, des promotions autant que les hommes. Mais elles obtiennent moins qu’eux. Probablement parce que les dirigeants ne considèrent pas ces demandes comme légitimes et les femmes finissent par intérioriser cette idée qu’elles ne sont pas légitimes aux postes historiquement réservés aux hommes.
Si on veut vraiment la mixité partout, il faut s’attaquer à cette question de légitimité. Et cela passe par du concret : rendre les femmes visibles dans tous les cercles de pouvoir. C’est aussi aux hommes de bouger pour faire de la place aux femmes, partout où elles sont exclues et de leur réserver un accueil chaleureux. Et pas seulement dans le vieux monde si l’on en croit les chiffres de la place des femmes dans l’esport. 5 % !
Et pour que l’égalité soit parfaite, il faudrait aussi que les hommes luttent pour obtenir les places des femmes. Mais les métiers et les lieux dans lesquels elles sont surreprésentées ne sont peut-être pas les plus enviables…