La majorité des commissaires européens a rejeté le projet de Viviane Reding. « Je n’abandonnerai pas », assure-t-elle. Les eurodéputés socialistes critiquent sa méthode.
Viviane Reding n’a pas su convaincre. Le projet de directive de la commissaire européenne visant à introduire des quotas pour féminiser les conseils d’administration des grandes entreprises a été rejeté par la majorité de ses pairs, mardi 23 octobre. Prenant exemple sur la loi française, elle entendait fixer un quota de 40% d’administrateurs du même sexe à l’horizon 2020.
« Je n’abandonnerai pas », assure Viviane Reding après cet échec. Elle compte présenter une nouvelle version de son texte avant la fin du mois de novembre.
Initié dès 2010 par la commissaire à la Justice, le projet de directive avait mis du temps avant de prendre forme. Après une ultime consultation publique, il semblait sur la bonne voie à la fin de l’été… avant de prendre l’eau le mois dernier : plusieurs États membres de l’Union signifiaient alors leur opposition.
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La majorité des commissaires européens ont donc à leur tour dit non aux quotas. La veille de ce refus, Viviane Reding se félicitait d’avoir « uni ses forces avec d’autres commissaires : Michel Barnier (Marché intérieur), Antonio Tajani (Industrie), Olli Rehn (Affaires économiques) et Joaquin Almunia (Concurrence). « Une équipe forte », se réjouissait-elle. Mais pas suffisamment nombreuse pour imposer ses vues.
(Le journal Les Echos remarquait que ses soutiens sont tous des hommes, tandis que « le projet suscite une levée de boucliers chez les membres féminins » de la commission.)
« Croisade politique »
S’il a été rejeté par la majorité des commissaires européens, son projet de directive avait le soutien du Parlement européen, tous partis confondus. La présidente du Parti socialiste européen (PES), Zita Gurmaï, avait auparavant appelé la commission à « se rappeler ses engagements » en faveur de l’égalité femmes/hommes.
Mais Zita Gurmaï tacle au passage Viviane Reding, l’accusant d’avoir fait de cette question des quotas « une croisade politique personnelle » et de n’avoir pas fait « tous les efforts possibles pour s’assurer suffisamment de soutien avant de lancer sa proposition ».
Le PES souligne également que, même s’il soutient le projet de directive, il souhaite voir les quotas s’appliquer pour les comités exécutifs comme non exécutifs. Un point déjà soulevé antérieurement par le Lobby européen des femmes.
Photo : Viviane Reding le 30 avril 2009 à Varsovie © European People’s Party