Moins d’une sur cinq : la proportion de femmes parmi les 1000 personnalités citées dans les journaux a baissé en 2023. L’Ifop compte peu de femmes parmi les personnalités préférées des Français.es. Des ambiguïtés planent sur l’affaire Depardieu… Nos vœux 2024 sont teintés de détermination.

19,2 % de femmes parmi les 1000 personnalités les plus citées dans les médias d’information français en 2023 ! C’est 1,2 % de moins qu’en 2022. Pour la 11ème édition de son classement, la plateforme de veille médias Tagaday a épluché 5 400 programmes d’information diffusés par 410 chaînes de télé et de radio, et 3 000 publications de presse écrite, imprimée et en ligne. Tagaday précise que si 19,2 % de femmes sont comptées parmi les personnalités citées, seulement 18 % des citations relevées évoquent des femmes.
En haut du podium des personnalités médiatisées figure, comme chaque année, le président de la République avec 702.213 citations en 2023. Si la Première ministre Elisabeth Borne, arrive en deuxième position, elle est assez loin derrière avec 290.395 citations. Et elle est talonnée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui enregistre 201.443 citations.
On n’ose imaginer quelle aurait été la place des femmes dans ce palmarès s’il n’y avait pas eu une femme Première ministre. Car, dans ce classement général, il faut ensuite attendre la 12ème place pour trouver une autre femme : Marine Le Pen. Sophie Binet, qui est devenue Secrétaire générale de la CGT en cours d’année n’arrive qu’à la 90ème place. Anne Hidalgo, la maire de Paris, n’est que 43ème au classement général et Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée Nationale ne figure pas dans les 50 premières personnalités. En outre, l’actualité internationale a fait monter des chefs d’Etat et chefs de guerre dans ce palmarès. Des hommes. En politique, le nombre de citations de femmes a baissé de 9 points par rapport à l’an dernier.
Il semble que les sportifs intéressent davantage les journalistes. Pas les sportives. Leur présence dans les médias a fortement reculé (- 7 points). Aucune ne figure parmi les 15 premiers champions. Elles sont 26 à être citées, soit 5 % du total de la catégorie sport.
Pire encore dans la catégorie business. Une seule femme est citée dans cette catégorie et il est probable qu’elle n’y sera plus l’an prochain : l’ex-présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a quitté son poste en avril dernier. Cette éviction des femmes de la scène économique est de plus en plus préoccupante (Lire : Numérique et technologie : un avenir sans femmes )
Même dans la rubrique « culture », la seule dans laquelle les femmes sont le plus représentées (mais bien moins que les hommes), leur présence est en baisse. Elles perdent 4 points et comptent pour 32 % des citations. La première à apparaître dans le classement des 1000 est Juliette Armanet qui pointe seulement à la 34ème place. Et c’est sans doute parce qu’elle a osé critiquer un homme, le chanteur Michel Sardou. Elle a été beaucoup citée et vilipendée à ce sujet dans les médias. Justine Triet, Palme d’Or au Festival de Cannes pour son film Anatomie d’une chute, arrive en 283ème position.
Personnalités préférées : des hommes
Un autre classement, probablement corollaire de celui-ci interpelle : le classement IFOP/JDD des « 50 personnalités préférées des Français ». Sans surprise, les hommes sont en haut du classement. Normal, les Français.es ne peuvent pas aimer des femmes que les médias ne leur montrent pas. La 1ere femme classée, Sophie Marceau, n’arrive qu’en 15ème position et il n’y a que 18 femmes parmi ces 50 personnalités préférées des Français. Aucune n’a jamais été n° un de ce Top 50 depuis qu’il existe (1988). Le sondage Ifop est réalisé auprès d’un échantillon faible : 1006 personnes représentatives de la population auxquelles a été soumise une liste de personnalités élaborée pour le JDD (journal du groupe Bolloré dirigé par un journaliste d’extrême droite). On y trouve Michel Sardou en 13ème position mais pas Juliette Armanet. Les rares femmes citées sont des actrices, des chanteuses ou des animatrices télé. Pour les hommes le panel est plus vaste, des acteurs, des chanteurs mais aussi des sportifs, des chefs cuisiniers et même des hommes politiques comme le leader du rassemblement national Jordan Bardella qui pointe à la 30ème place…
Au seuil de la nouvelle année, la représentation des femmes dans les médias et, donc, dans la société, a aussi été secouée par l’affaire Depardieu. Les tribunes, contre-tribunes et regrets exprimés par les soutiens du « monstre sacré » laissent penser que le seuil de tolérance aux agressions sexuelles commises par des stars commence à baisser. Mais le débat dans les médias est ramené à la personnalité de Depardieu. Il n’est pas certain que le système d’impunité des agresseurs dont l’affaire Depardieu n’est qu’un symptôme, -un de plus- soit profondément remis en cause. En 2023, le bruit du sexisme a encore couvert la parole féministe dans les médias.
En 2024, il va encore falloir se retrousser les manches pour que le paysage médiatique évolue !
Bonne année à nos lectrices et lecteurs qui participeront à ce mouvement.
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