Le Sénat vient de voter favorablement à une proposition de loi visant à étendre le modèle du scrutin de liste paritaire aux élections municipales prévues en 2026. Le but ? Favoriser la parité dans les communes de moins de 1 000 habitants. Mais certains élus sont réticents.

C’est un pas de plus vers la parité en politique. Lors des prochaines élections municipales, les communes de moins de 1 000 habitants vont adopter le mode de scrutin de liste paritaire, déjà appliqué dans les communes de 1 000 habitants et plus.
La parité à tous les étages politiques
Cette proposition de loi, qui vient d’être adoptée au Sénat, répond d’abord à une crise de l’engagement local. En effet, le nombre de candidats aux élections municipales est en baisse dans les communes rurales. En 2020, 106 communes n’avaient pas de candidats, soit 75 % de plus qu’en 2014. À cela s’ajoute, la multiplication des démissions en cours de mandat. En passant du scrutin majoritaire plurinominal au scrutin de liste paritaire, cette proposition de loi entend résoudre, en partie, cette crise.
Le second objectif assumé de cette proposition de loi est la parité. Jusqu’à présent, les conseils municipaux des communes de moins de 1 000 habitants n’étaient pas soumis à des obligations de parité. Résultat : ils ne comptent que 37,6% de femmes (contre 48,5% dans les communes plus peuplées) selon le site Vie publique. Or, les scrutins de liste paritaires obligent à mettre en place une alternance entre candidats et candidates
Si la proposition de loi a déjà été adoptée par les députés en 2022, le vote des sénateurs, qui a eu lieu le 11 mars 2025, était l’examen déterminant pour la généralisation de ce modèle aux communes de moins de 1000 habitants, et donc de la parité des candidatures. Étape finale : le texte doit repasser une dernière fois à l’Assemblée nationale, pour une adoption définitive.
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Faire de la place aux femmes en politique
Cette loi divise. Les sénateurs l’ont votée à 192 voix pour et 111 voix contre. Certains se réjouissent de cette initiative pour davantage de parité, comme Loïc Hervé, vice-président de la Chambre Haute et membre de la délégation au droit des femmes. Cité par Public Sénat, il considère cette mesure comme le « parachèvement d’une place nécessaire qui doit être faite aux femmes dans notre vie politique ». Mais certains élus locaux déplorent cette « obligation ». « Je préfère l’engagement à la parité à marche forcée », déclare Nicolas Simonnet, maire de Nouhant et co-président de l’AMAC (association des maires et adjoints de la Creuse), dans l’émission « Ici Matin » Creuse sur France Bleu le 17 mars dernier. Il nuance son propos : « Il faut reconnaître que la parité a permis à des femmes à d’accéder à des responsabilités, on a accéléré le phénomène, même si je pense que naturellement les femmes auraient réussi à se faire élire. On est un peu dans un monde de macho, on le sait, donc il faut faire aussi en sorte de provoquer les choses. » Mais Nicolas Simonnet craint aussi que cette nouvelle loi accentue la difficulté des maires à trouver des candidats.
Loïc Hervé partage l’inquiétude des élus de terrain face à « la difficulté de trouver autant de femmes que d’hommes », tout en précisant que « cette difficulté, si elle existe, peut être jugulée parce qu’on a déjà fait ça dans les communes de plus de 3 500 habitants, puis de plus de 1 000 habitants, et ça s’est installé dans notre vie politique ». Citées par Ouest France, plusieurs élues de la région d’Anjou déclarent, lors d’une réunion organisée le 14 mars dernier par la sénatrice du Maine-et-Loire Corinne Bourcier à destination des femmes élues, à l’unisson que « si on ne l’impose pas [la parité], on ne l’aura jamais ».
À un an du scrutin municipal, les élu.e.s ont déjà commencé à former leur équipe. Si le vote de cette proposition de loi les pousse à revoir leurs plans, Loïc Hervé insiste : une fois la loi appliquée par toutes les communes, nous aurons « franchi ce pas vers une société plus égalitaire ».
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