Le bruit médiatique de la sexualisation des filles n’est pas encore couvert par les dénonciations de ce phénomène : nouvel exemple avec Giulia Sarkozy.
La députée Européenne Nathalie Loiseau (Horizons) a été une des premières à dénoncer les mots employés par un magazine sur les réseaux sociaux : « ‘Regard mannequin’, ‘plus femme que jamais’… Madame Figaro, vous parlez d’une enfant de 13 ans. Ce vocabulaire est déplacé. Je dirais même qu’il est irresponsable. Réfléchissez avant de publier des phrases pareilles. »
La fille de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy et de l’ex-mannequin Carla Bruni a eu les honneurs du magazine féminin Madame Figaro, fin novembre. Le magazine parle surtout des vidéos que produit la jeune fille sur TikTok et des réactions admiratives des internautes qui la suivent.
Les mots disparaissent les incitations restent
« On y découvre une adolescente plus femme que jamais » écrivait le journal dans son chapeau… Une phrase reprise sur les réseaux sociaux… Qui a disparu de l’article en ligne après les réactions indignées de nombre d’internautes.
Mais le magazine n’en a pas profité pour s’interroger sur les dangers de l’hypersexualisation des filles. Le contenu de l’article, même dépouillé de la phrase dénoncée, continue d’encourager cette sexualisation. Il s’extasie sur une vidéo que Giulia Sarkozy avait intitulée « regard mannequin » et décrit avec force détails les tenues, coiffures, maquillages, poses prises par cette enfant.
Dans la même veine, beaucoup de journaux qui parlent de cette affaire y voient l’occasion de réaliser un article « people », reprennent les détails « glamours » des vidéos mais semblent ne pas voir où est le problème. Nice matin écrit par exemple : « Les réactions des utilisateurs [Sur TikTok]ne se sont pas fait attendre. Dans les commentaires, les éloges ont d’abord fusé: « Tes yeux », « Star », « T’es sublime », ou encore « Fais mannequin ». Mais cette sexualisation n’est pas du goût de tout le monde. »
Ce traitement médiatique sexualisant les très jeunes filles a longtemps servi à déculpabiliser, voire glorifier les violeurs. Les médias ont longtemps soutenu l’écrivain Gabriel Matzneff par exemple. Et le procès du réalisateur Christophe Ruggia, jugé pour des agressions sexuelles sur l’actrice Adèle Haenel quand elle avait entre 12 et 14 ans, qui se déroule cette semaine, en est une autre illustration. « Tout le monde me demande de pleurer sur le sort de M. Ruggia, mais qui s’est soucié de l’enfant ? Agresser des enfants comme ça, ça ne se fait pas. Ça a des conséquences. Personne n’a aidé cette enfant » a déclaré Adèle Haenel.
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