En 2024, la base de données de l’encyclopédie en ligne compte davantage de biographies de femmes. Une évolution positive et progressive que l’on doit au travail acharné et rigoureux de féministes engagées.

Bonne nouvelle ! Une biographie sur cinq répertoriée sur Wikipedia est désormais consacrée à une femme. « Ça vous parait peu ? Le chemin parcouru est pourtant énorme. En 2016, c’était moins de 14% (une biographie sur sept) », interpelle l’association les sans pagEs, qui s’attèle depuis 2016 à augmenter la visibilité des femmes et des minorités de genre sur l’encyclopédie en ligne. Lors de sa création, les sans pagEs recensaient 75 000 biographies de femmes. Depuis, près de 68 000 ont été ajoutées. Sur les 714 869 fiches, 142 979 correspondent aujourd’hui à des femmes, soit près de 20%.
Combler l’écart de genre
Comment expliquer que davantage d’hommes soient répertoriés sur Wikipédia ? L’alimentation du site dépend de la participation de bénévoles. En 2018, une étude a montré que près de 90% des rédacteurs sont des hommes. Inconsciemment, les biais de genre s’infiltrent et façonnent l’encyclopédie en ligne.
Mais, avoir sa page Wikipédia est-ce si important que ça ? L’encyclopédie, créée en 2001, est systématiquement suggérée par les navigateurs lorsque l’on effectue une recherche sur internet. Selon Médiamétrie, 3,8 millions de personnes consultent quotidiennement le site. L’enjeu de visibilité est donc de taille.
Pour combler cet écart, l’association les sans pagEs lance un appel aux « journalistes, les universitaires et, en général, les producteur.rices de connaissances à poursuivre leur travail de visibilisation des femmes et des différentes minorités, dans une logique intersectionnelle. Leurs efforts sont essentiels pour diminuer les inégalités, en particulier de genre, dans le contenu de Wikipédia ».
Lutter contre l’invisibilisation
Enrichir le contenu de Wikipédia est une véritable mission pour l’association les sans pagEs. « Depuis la naissance du projet, ce sont 16 800 pages qui ont été créées ou améliorées par les membres des sans pagEs, non seulement des biographies mais également des articles sur leurs luttes, leurs réalisations, leurs œuvres etc », indique un communiqué. Mais elles ne sont pas les seules.
Depuis 2018, la physicienne américaine Jessica Wade a, elle aussi, entrepris de combler cet écart de genre sur le site. Elle a rédigé plus de 2 000 biographies, au rythme d’une par jour, pour rendre visibles les femmes scientifiques sur Wikipédia. Elle a par exemple créé la page de la mathématicienne afro-américaine Gladys West à l’origine du système GPS ou celle de Ijeoma Uchegbu, chercheuse en nanosciences pharmaceutiques engagée sur les traitements du cancer. Sa motivation ? Lutter contre « l’effet Matilda ». Théorisé en 1993 par l’historienne des sciences Margaret W. Rossiter, ce terme désigne l’invisibilisation des femmes scientifiques par l’attribution de leurs travaux à leurs confrères masculins.
Qu’elles soient scientifiques, femmes de lettres ou personnalités politiques, vivantes ou décédées, les femmes sont menacées par un système qui les invisibilise. Leur représentation sur Wikipédia est donc cruciale afin d’inscrire leurs trajectoires inspirantes au sein du récit collectif ainsi que pour briser le plafond de verre encore présent dans certains secteurs.
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