Les écarts de salaires entre femmes et hommes cadres ne se réduisent toujours pas. Et les femmes ne représentent que 21% des cadres des directions générales.
Depuis quelques années, beaucoup de dirigeants d’entreprise se disent « gender fatigués ». Fatigués à l’idée de faire des efforts pour l’égalité professionnelle entre femmes et hommes. Pourtant, les résultats de l’enquête présentée par l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) le 8 octobre, ne montrent pas d’amélioration : sur l’ensemble de la population des cadres, les hommes gagnent 12% de plus que les femmes.
Stagnation
Et, à postes et profils identiques, ils gagnent 6,9% de plus que les femmes. Depuis la première enquête de l’Apec en 2015, cet écart ne se réduit que très peu. Pire : il stagne ces cinq dernières années. Il est passé de 8,5% en 2015 à 7,1% en 2019 pour arriver à 6,9% en 2024.
Ces écarts de salaire s’aggravent avec l’âge. Pour l’ensemble des cadres, l’écart est de 2% chez les moins de 35 ans et de 21% chez les plus de 55 ans. A profil identique, l’écart est de 3% pour les moins de 35 ans et de 11% pour les plus de 55 ans.
Les évolutions de carrière sont bien plus lentes pour les femmes puisqu’elles ne comptent que pour 21% des cadres de direction générale, alors qu’elles représentent 40% des cadres tous niveaux confondus.
Peu d’actions
L’étude de l’Apec met en cause les inégalités dans la vie privée qui rendent le problème de conciliation travail / vie privée plus handicapant pour les carrières des femmes que pour celles des hommes.
Mais elle cherche aussi à savoir ce que font les entreprises pour gommer ce handicap. Ont-elles mis en place de nouvelles règles écrites et non écrites de progression de carrière permettant une réelle mixité à tous les niveaux ? Il semblerait que non. Ces règles restent favorables aux hommes qui se dévouent à leur entreprise et ignorent les questions de conciliation vie professionnelle / vie domestique.
En outre, le « sexisme ordinaire » handicape les femmes. Les réflexions sexistes, les comportements favorisant l’entre-soi masculin, les préjugés sur la moindre ambition des femmes… créent un terrain miné pour les femmes.
L’étude montre que les entreprises font de plus en plus suivre des « actions de sensibilisation sur la question du sexisme au travail », surtout dans les grandes entreprises. 67% des cadres des entreprises de plus de 250 salarié.es disent en avoir suivi, 30% des cadres de PME (10 à 250 salarié.es), et seulement 14% des très petites entreprises.
Mais qu’entend-on par sensibilisation ? Qui le fait ? Quelle attention les cadres accordent-ils à ces séances ? Les comportements sexistes sont-ils sanctionnés ? Sans changements dans les process RH, la culture du management, qui reste une culture masculine, ne change pas.
Il commence pourtant à y avoir urgence à changer. Les entreprises vont bientôt devoir respecter des quotas de femmes au sein de leurs comités de direction. (Lire : Quotas de femmes dirigeantes en entreprises : c’est voté !) Si elles ne constituent pas leurs viviers de cadres dirigeantes maintenant, elles vont avoir du mal à respecter la loi.
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