La journaliste Marie Portolano a raconté des violences sexistes et sexuelles qu’elle avait subies. Elle a été mise en examen pour diffamation après une plainte de Pierre Ménès. Nouvelle tentative d’intimidation contre #MeToo.
La journaliste Marie Portolano a été mise en examen le 15 août 2025 pour « complicité de diffamation publique ». Elle doit répondre à des accusations après une plainte déposée par Pierre Ménès, son ex-collègue, ex-consultant de Canal+ spécialiste du foot. Cette procédure, révélée par le site d’investigation Les Jours fait suite à la publication du livre Je suis la femme du plateau, publié en mars 2024 (ed Stock) dans lequel elle raconte le sexisme et les violences subies par les femmes journalistes dans le milieu du sport.
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Pierre Ménès n’est à aucun moment cité dans ce livre mais, il s’est reconnu dans certains passages évoquant un homme bénéficiant d’une large impunité au sein de Canal+. Il a alors décidé, le 11 juin, de déposer plainte avec constitution de partie civile pour diffamation publique, visant Marie Portolano et son éditeur Stock.
« Droit de cuissage »
Dans sa plainte, il dénonce aussi le récit d’une agression sexuelle dans le documentaire « Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste », réalisé par la journaliste en 2021. Ainsi que l’expression controversée de « droit de cuissage », utilisée pour dénoncer certaines attitudes de collègues masculins.
Rappelons que, depuis 2022, Pierre Ménès est visé par une enquête préliminaire du parquet de Nanterre pour des faits présumés de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle. Et qu’il a été condamné, en avril 2023, pour une agression sexuelle sur une vendeuse en 2018.
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Procédure bâillon
Mais il se plaint : son ex-consœur aurait brisé sa vie et sa carrière selon lui. Et ça ne l’empêche pas de lancer ce que les féministes dénoncent : une « procédure bâillon ». Démarche classique des accusés qui retournent la situation en leur faveur en accusant celles qui dénoncent les violences sexistes et sexuelles. Démarche qui fonctionne à merveille pour intimider les victimes ou de faire taire une parole féministe.
Les associations qui luttent contre les violences sexistes et sexuelles l’ont souligné sur les réseaux sociaux. Marie Portolano a aussi bénéficié du soutien d’une de ses collègues de TF1, Isabelle Ithurburu. Dans un entretien accordé à Sateliffacts, elle déclare « Je ne pense pas qu’elle ait brisé sa vie, il ne faut pas inverser les responsabilités. Dans ce milieu comme dans d’autres, je pense qu’on est loin d’être allé trop loin. Il y a encore des femmes qui n’osent pas parler. Il faut continuer…«
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