Absence de « stratégie globale » , « erreurs de méthode »… un rapport de la Cour des comptes déplore les espoirs déçus de la « grande cause » des quinquennats, et appelle à un vrai plan interministériel suivi. Pour que la politique d’égalité ne soit plus une option.
L’impression qui se dégage à la lecture du rapport de la Cour des comptes sur « la politique d’égalité entre les femmes et les hommes menée par l’Etat » rendu public ce jeudi, est que, pour les différents ministères supposés la mettre en œuvre, cette politique d’égalité n’est qu’une option.
Le sous-titre du rapport, « Des avancées limitées par rapport aux objectifs fixés » s’explique ainsi : la « grande cause nationale », ne bénéficie pas d’une « stratégie globale » ni d’un « pilotage efficace ». Et ceci, malgré une opinion largement favorable à la -grande- cause…
« La ‘grande cause nationale’ de l’égalité entre les femmes et les hommes s’est caractérisée par une diversité de documents stratégiques, déclinant des catalogues de mesures, qui n’ont pas été consolidés en une feuille de route unique permettant un suivi régulier à un niveau interministériel. » résume le rapport. « Le comité interministériel biannuel qui devait en assurer ce suivi ne s’est d’ailleurs jamais réuni avec pour conséquence une mise en œuvre des mesures décidées résultant du bon vouloir de chaque ministère. » De plus, de nombreuses mesures « n’ont été assorties ni de moyens, ni de calendrier de réalisation, ni d’indicateurs de résultats, ni de cibles, ce qui rend leur évaluation impossible »,
Les deux chantiers présentés comme prioritaires, la lutte contre les violences conjugales et l’égalité professionnelle, n’ont « avancé que partiellement »
Si l’égalité professionnelle, dans le secteur public a un peu avancé avec des règles imposant des primo-nominations équilibrées aux postes à responsabilité (lire ici) , dans le secteur privé, l’égalité professionnelle s’est focalisée sur la mise en place de l’index de l’égalité… Qui s’avère parfois contre-productif (lire ici). Et, note le rapport, la politique d’égalité passe à côté de la « lutte contre les causes plus structurantes d’inégalités, comme la mixité des filières de formation ou des métiers, qui nécessitent des changements socio-culturels en matière de responsabilités parentales, d’orientations professionnelles et de valorisation de certaines compétences. »
Sur la lutte contre les violences conjugales, le rapport note que « des mesures ont été déployées en matière de protection des victimes comme de prise en charge des auteurs.» Mais « les mesures se réfèrent à une cible dont le niveau ne résulte pas d’une analyse des besoins », autrement dit, elles sont largement insuffisantes.
Et surtout, il manque le socle le plus important, celui qu’Emmanuel Macron avait évoqué en 2017 en lançant la « Grande cause» de son premier quinquennat : la lutte contre le sexisme incrusté « dans les têtes ». Il manque dans la politique d’égalité des mesures « réclamant un investissement dans la durée pour faire évoluer les mentalités, comme celles relatives à la prévention axée sur l’éducation, ont été peu mises en œuvre, alors qu’elles sont déterminantes pour assurer une véritable mutation. »
En toute logique, la Cour des comptes appelle l’Etat à décliner le vrai grand plan interministériel pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2023-2027 avec « une feuille de route mesurable et évaluable » Un plan précis decrivant des « moyens » alloués, des calendriers imposés et des « cibles » avec un « calendrier de suivi interministériel » et un « programme interministériel d’évaluation des actions » menées par l’Etat et par les organismes qu’il finance. Pour que l’égalité entre femmes et hommes ne soit plus une option.
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