Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, appelle à un sursaut « d’énergie masculine » dont le monde professionnel aurait été «culturellement castré». Il met fin aux politiques de diversité et d’inclusion chez Meta et se rallie au masculinisme du clan Trump.
De pire en pire ! Après avoir annoncé la fin du fact checking sur les réseaux sociaux qui inondent le monde de fausses informations et de propos sexistes, Mark Zuckerberg accélère dans le virage conservateur. Dans un entretien de presque trois heures accordé à Joe Rogan, un podcasteur soutien de Donald Trump, le patron de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) enfile les concepts fumeux.
Quelques jours avant cet entretien, il jugeait que la modération sur les question de genre notamment, ça commençait à bien faire (Lire : Fin du « fact-checking » chez Meta : cap vers la désinformation… et la misogynie )
« L’énergie masculine »
Celui qui n’était qu’un geek introverti quand il a créé le réseau social pour noter le physique des filles avec ses amis, revient à ses fondamentaux : « l’énergie masculine » au dessus de tout.
Il revient sur ce qui a pu être mis en place dans ses entreprises et sur ses réseaux sociaux pour favoriser l’égalité femmes-hommes. La politique de diversité dans les ressources humaines, DEI aux États-Unis, pour diversity, equity and inclusion (« diversité, équité et inclusion ») ? Terminé !
Mark Zuckerberg fait quelques circonlocutions affirmant avoir été « entouré de femmes toute sa vie », reconnaissant qu’une masculinité affirmée en entreprise pouvait parfois exclure certaines femmes, « mais… ». On voit venir de loin le « mais » qui annule ce qui précède… « Mais » il ne faut pas pour autant « dire que la masculinité est mauvaise » Selon lui, le monde de l’entreprise a été « culturellement émasculé ». Il emploie le terme « neutered » qui signifie « neutralisé » mais aussi « castré ». Tout ça pour dire que « toutes les formes d’énergie sont bonnes, mais une culture qui fait un peu plus la part belle à l’agression a ses mérites positifs. »
Système mafieux
Si le discours du patron de Meta fait peur, sa façon de faire allégeance au pouvoir masculiniste qui arrive à la Maison Blanche le 20 janvier, est tout aussi effrayante. Dans son élan de repentance vis-à-vis de la galaxie Trump, le patron de Meta affirme regretter d’avoir modéré les discours antivax pendant la pandémie de Covid19 « à cause de l’administration Biden. » Une sorte de ralliement à un système mafieux qui menace de représailles tous ceux qui ne font pas partie du clan.
Pourtant, même si l’étudiant Mark Zuckerberg a créé Facebook pour de mauvaises raisons, il a tout au long de son parcours, donné des signaux d’ouverture au féminisme. Sheryl Sandberg, qui a longtemps été numéro 2 de Facebook, a bataillé pour l’égalité femmes-hommes en entreprise et a multiplié les sorties féministes (Lire : Violences sexuelles : « C’est le pouvoir, imbécile »). Les efforts de modération ont été plutôt corrects et ses politiques d’inclusion et de diversité se voulaient exemplaires.
Virage masculiniste
Mais avant l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, il semble y avoir urgence à rallier le clan ultra-conservateur viriliste. Ce qui aura des répercussions bien au-delà des Etats-Unis compte tenu de la puissance des réseaux sociaux. Leur influence masculiniste est déjà très forte (voir ci-dessous)
C’est le triomphe de la « broligarchie», ainsi que l’a justement qualifiée Carole Cadwalladr dans The Guardian, au lendemain de l’élection de Trump. Ces « frères » qui ont pris le pouvoir dans le monde de la tech, du financement des entreprises, des médias et de la politique.
Les adeptes de cette « l’énergie masculine » seraient bien inspirés de lire par exmple le livre de Lucile Peytavin, Le coût de la virilité. Ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes, (A. Carrière ed). Loin d’être « castrée, cette énergie masculine fait chaque jour la preuve de sa toxicité.
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2 commentaires
Bonjour, merci pour cet article. Pire que cela, Marc Zuckerberg a parlé d’énergie masculine agressive!
Quand on sait que 85% des accidents mortels de la route sont provoqués par des hommes, 90% des SDF sont des hommes, 95% des prisonniers sont des hommes , 98% des gelures sont provoquées pas des hommes etc…..Comment peut-on encore vanter ces valeurs. Sans doute la peur qui attise les haines et les discriminations.
cets tres intreressant merci pour cet article passionnant il est vraiment fou